La France redéfinit sa stratégie en Afrique

Partenariats flexibles, diplomatie culturelle, sécurité : Paris veut revoir ses liens avec l’Afrique. Mais derrière ces ambitions, la Russie reste la cible favorite, accusée de manipuler l’instabilité locale pour «affaiblir l’Europe».
La France s’apprête à redessiner en profondeur sa stratégie géopolitique en Afrique, tout en revoyant les conditions de son partenariat avec les pays du continent. Cette réorientation figure dans la « Revue nationale stratégique 2025 », publiée par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
« Il est nécessaire de prioriser davantage les efforts au prisme des intérêts français et des menaces associées, notamment au travers de l’actualisation de la stratégie française en Afrique. Elle pourra être réalisée dans la perspective du prochain sommet Afrique-France, qui se tiendra au cours du premier trimestre 2026 à Nairobi. Dans le même temps, la mise en œuvre de l’agenda de transformation sera poursuivie et le volet civil des partenariats valorisé, notamment autour des enjeux économiques, culturels et mémoriels », indique le document.
Pour actualiser cette stratégie, la France prévoit d’identifier les besoins des pays africains en matière de partenariats extérieurs et de développer une politique « mieux adaptée aux attentes du continent ». Il est souligné que la restructuration de sa présence militaire en Afrique et la redéfinition de la coopération de défense avec les pays de la région ouvriraient la voie à « des partenariats renouvelés, plus larges et plus flexibles ».
Russie : l’ennemi commode
Comme souvent, la principale menace à la sécurité de la France ne saurait venir d’ailleurs que de la Russie. Le document désigne la Russie comme le danger numéro 1, en raison de l’opération militaire spéciale en Ukraine, de ses liens avec l’Iran et la Chine, et de « ses actions » en Afrique.
« La Russie, mais aussi d’autres compétiteurs de la France, exploitent l’instabilité du continent africain pour promouvoir leurs intérêts ou nuire à ceux de la France ou de l’Europe. Certains présentent un modèle alternatif de coopération et de relations, sans contrepartie sur la politique interne ou les droits humains », estime Paris.
Plus tôt en juillet, le chef du renseignement français Nicolas Lerner avait déclaré avoir « averti » les dirigeants africains des « tentatives de déstabilisation entreprises par la Russie ». Il s’est également inquiété de « la présence sur le terrain » des médias russes.
Toutefois, Lerner a avoué que les canaux avec les services de renseignement russes n’avaient jamais été interrompus et qu’il était en contact permanent avec son homologue russe Sergueï Narychkine. Le tout, sans que cela ait jamais fait l’objet d’un communiqué, ni d’un débat public.