Sahara occidental : Alger dit avoir failli voter la résolution du Conseil de sécurité
© AL24 NewsLe ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, est revenu sur les coulisses du vote de la résolution 2797 sur le Sahara occidental, expliquant l’échec du Maroc à faire passer ses idées et les raisons de l’abstention de l’Algérie au Conseil de sécurité de l'ONU.
Lors d’un entretien avec la chaîne AL24 News le 2 novembre, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, est revenu sur les détails de l’adoption de la résolution 2797 au Conseil de sécurité de l’ONU portant sur la question du Sahara occidental. Le chef de la diplomatie algérienne a accusé le Maroc d’avoir tenté d’« opérer un passage en force sans précédent » sur la question sahraouie, rappelant que le Conseil de sécurité organise deux sessions annuelles sur ce contentieux, une première en avril, pour évaluer le travail de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) et la seconde en octobre pour renouveler le mandat de la mission onusienne.
L’échec marocain à « faire passer ses idées »
Selon Attaf, le Maroc a tenu « particulièrement à cœur » de faire passer trois idées. Dans le détail, il a expliqué que la première idée était de démanteler la MINURSO ou de transformer radicalement sa mission. S’agissant de la deuxième, le royaume voulait imposer son plan d’autonomie « comme solution unique et exclusive au problème du Sahara occidental », a précisé le chef de la diplomatie algérienne. Quant à la troisième idée, elle consiste à « tuer définitivement l’idée d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental », a-t-il affirmé, d’où l’« engouement particulier que nous avons perçu cette année autour du Sahara occidental ».
Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que les objectifs du Maroc dans le projet de résolution originel étaient d’abord de limiter le mandat de la MINURSO à « trois mois », au lieu d’une année, avant de démanteler la mission ou de « transformer son mandat en soutien à la mise en œuvre du plan d’autonomie comme l’a souhaité le Maroc ». Il a ajouté que ce point constituait un « premier élément de déséquilibre », soulignant que « le plan d’autonomie marocain était considéré comme le cadre exclusif et unique pour le règlement de la question du Sahara occidental. Le droit à l’autodétermination, lui-même, était inséré dans le cadre du plan d’autonomie ».
Le principe de souveraineté marocaine « expurgé » de la résolution
Le ministre a fait savoir que le principe de souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, voulu par le Maroc, a été « expurgé » de sorte que le texte final ne comporte « aucune référence à la souveraineté marocaine, ni à l’État marocain ». Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que le plan d’autonomie marocain n’était plus le cadre exclusif et que la résolution a ouvert la voie à « d’autres idées et d’autres plans alternatifs ».
En ce qui concerne le droit à l’autodétermination, il a été découplé, selon Ahmed Attaf, du plan d’autonomie et « doit s’exercer conformément à la légalité internationale ».
« L’Algérie était à deux doigts de voter pour la résolution »
Dans une confidence concernant les coulisses du vote de la résolution, Ahmed Attaf a révélé que « l’Algérie était à deux doigts de voter pour la résolution », mais dans la nuit précédant le vote, la diplomatie algérienne a demandé « de supprimer une disposition relative à la souveraineté marocaine dans le préambule de la résolution ». Cette suppression aurait permis à Alger de voter en faveur du texte. « Elle n’a pas été enlevée. C’est pour cela que l’Algérie n’a pas participé au vote », a-t-il conclu.