La Cour des comptes somme France Télévisions de se réformer «sans délai»

La Cour des comptes publie un diagnostic sévère : finances «critiques», capitaux propres érodés, trajectoire 2025 déficitaire et cadre social bloquant. Elle exige une refonte rapide, un contrat d’objectifs pluriannuel et une clarification du financement public.
Le rapport de la Cour des comptes publié mardi 23 septembre sur France Télévisions dresse un constat alarmant du média public.
La Cour publie un nouveau contrôle sur France Télévisions : si les progrès sont incontestables depuis 10 ans, le rapport relève une situation financière préoccupante et de nombreux défis à relever pour la + grosse entreprise de l’#audiovisuel#public.
— Cour des comptes (@Courdescomptes) September 23, 2025
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Si celui-ci a consolidé ses audiences et progressé sur le numérique, l’équation budgétaire se dégrade avec un déficit cumulé sur la période 2017-2024 et une trésorerie sous tension ainsi que des capitaux propres passés sous la moitié du capital social. Le groupe prévoit encore un résultat net négatif en 2025
Un audit qui salue l’offre mais juge la viabilité « non soutenable »
La Cour salue l’« entreprise unique » (direction d’antenne unifiée, montée en puissance de france.tv et franceinfo), mais juge le modèle « non soutenable sans réformes structurelles majeures ». Elle réclame une trajectoire financière réaliste fixée par l’État et une renégociation « sans délai » de l’accord collectif de 2013, accusé de rigidifier les métiers et d’alourdir la masse salariale. La présidente Delphine Ernotte a déjà annoncé sa dénonciation le 10 juillet 2025 mais devra faire face à une fronde sociale, après une première mobilisation en juin dernier.
De son côté le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, qui quittera ses fonctions en janvier prochain, a déploré en conférence de presse : « C’est la première fois que je parle d’une situation critique pour une entreprise publique », évoquant même le risque d’une « faillite ».
📺 « C’est la première fois que je parle d’une situation critique pour une entreprise publique », tonne le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, qui parle de « situation financière critique » pour France Télévisions. #Médiaspic.twitter.com/9oQueZsKHY
— Romain Colas (@RomColas) September 23, 2025
Au-delà des indicateurs d’audience, la Rue Cambon rappelle l’érosion des fonds propres, la perte liée à l’échec de la plateforme de vidéo à la demande Salto, et l’instabilité de la tutelle en 2023-2024. Elle recommande un contrat d’objectifs et de moyens stabilisé, condition à la poursuite des investissements numériques malgré les tensions de trésorerie.
Côté politique, les réactions à ce rapport de la Cour des comptes sont peu nombreuses. Parmi les critiques on trouve Nicolas Dupont-Aignan et l’eurodéputée Sarah Knafo. Cette dernière a dénoncé la gestion du média public rappelant : « Il y a quelques jours à peine, en pleine polémique sur les complots de l’audiovisuel public avec le Parti socialiste, la présidente Delphine Ernotte osait se plaindre du manque de moyens et réclamait leur augmentation ! ».
🚨Ce matin, les comptes catastrophiques de France Télévisions sont mis à nu.
— Sarah Knafo (@knafo_sarah) September 23, 2025
Il y a quelques jours à peine, en pleine polémique sur les complots de l’audiovisuel public avec le Parti socialiste, la présidente Delphine Ernotte osait se plaindre du manque de moyens et réclamait… pic.twitter.com/XGThRh9X87
L’élue Reconquête ! a salué le travail de la Cour des comptes dans un contexte de tension accrue entre la présidente de France Télévision et les médias du groupe Bolloré, alors que Delphine Ernotte est mise en cause dans une affaire de détournement de fonds publics et de prise illégale d’intérêts avec le maire de Nice Christian Estrosi.
La soutenabilité du service public est ainsi mise en cause par la Cour des comptes dans un contexte de tensions budgétaire et de recherche d’économies. La Cour place l’État et France Télévisions devant un calendrier court : recapitaliser et réformer, ou réduire le périmètre. L’issue dépendra d’un nouveau cadre social, d’un cap numérique financé et d’une tutelle enfin lisible.