France : le gouvernement joue son avenir sur le vote du budget de la Sécurité sociale
© Getty ImagesLe vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) fait office de test vital pour Sébastien Lecornu, qui tente de rallier un PS hésitant mais essentiel. Les socialistes négocient des concessions tout en redoutant les divisions de la majorité. Écologistes et communistes restent opposés, rendant l’issue très incertaine.
À l’Assemblée nationale, la bataille du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prend des allures de test décisif pour la survie politique de Sébastien Lecornu. Les députés entament ce mardi 2 décembre la seconde lecture d’un texte dont l’adoption, attendue le 9 décembre, conditionne largement celle du budget de l’État.
Un rejet ouvrirait une crise majeure : gel des dépenses en 2026, impossibilité de corriger la trajectoire budgétaire et, pour le Premier ministre, un risque direct de chute.
Conscient de l’enjeu, Lecornu a multiplié les gestes envers les socialistes, désormais au cœur d’une négociation serrée. Olivier Faure et Jérôme Guedj jugent les discussions « utiles » et proches d’un compromis, même si le PLFSS reste loin de leurs ambitions.
Les socialistes gourmands ?
Le PS exige des garanties : pas de doublement des franchises médicales, suppression de « l’année blanche » et quelques recettes nouvelles. Un casse-tête budgétaire où l’on « cherche 100 millions par 100 millions ».
Les socialistes veulent aussi être assurés que le PLFSS est bien indispensable, condition posée pour envisager une abstention. Lecornu les a rassurés : aucun dispositif d’urgence n’existe pour ce budget, et sans vote, c’est l’ensemble du système, du RSA aux dépenses de santé, qui se retrouverait gelé.
Reste le problème du « bloc central », profondément divisé. Lecornu promet d’aller « au banc » pour arracher un accord, assurant qu’il ne fera « jamais le cadeau du 49.3 ». Mais l’équation se complique : une abstention PS pourrait ne pas suffire si une partie de la majorité vote contre. Les écologistes et les communistes, eux, excluent pour l’instant toute neutralité : ils réclament des milliards supplémentaires pour l’hôpital et refusent un texte jugé insuffisant et injuste.
Le PS pourrait donc se retrouver dans une situation inédite : valider de facto un texte désavoué par une partie du camp présidentiel. Un scénario explosif à trois mois des municipales, où chaque vote comptera politiquement. Première indication le 3 décembre, lors du vote sur les recettes, avant le verdict final qui dira si la « Sécu » aura ou non un budget pour ses 80 ans.