France : des images des futurs vitraux de Notre-Dame enflamment la toile
© Zheng Cha Source: Gettyimages.ruDes photos des maquettes des vitraux appelés à remplacer ceux de Viollet-le-Duc ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, relançant la polémique autour de ce projet voulu par Emmanuel Macron. Au-delà de ce «caprice» présidentiel, ou encore du message politique, certains ont pointé du doigt un potentiel manque de maîtrise technique.
« La nullité crasse », des vitraux « immondes ». Sur X, de nombreux twittos se sont indignés du rendu du premier jet des vitraux appelés à prendre place à Notre-Dame de Paris, en remplacement des vitraux de Eugène Viollet-le-Duc. Des photos publiées à l’occasion de l’exposition organisée depuis ce 10 décembre, au Grand Palais, de ces maquettes grandeur nature réalisées sur le thème de la Pentecôte.
« Un caprice à 4 millions d’euros du président Macron, alors que notre patrimoine tombe en ruine... quand il ne se fait pas dérober », a fustigé l’eurodéputée Laurence Trochu, dénonçant « un symbole de la déconnexion et de l’hubris régnant à l’Élysée ». L’élue française a notamment rappelé l’opposition à ce projet de la commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA).
Si le rendu divise, certains y voient un message idéologique, pointant notamment une absence « d’Européens » dans les personnages représentés et renvoyant à l’engagement politique de l’artiste à qui a été confié cette tâche : Claire Tabouret. « La peintre qui s’inspire des migrants », comme titrait à son sujet le quotidien Le Monde en août 2017, bien avant l’incendie qui a ravagé la cathédrale parisienne.
L’aspect technique fait également débat. Si Claire Tabouret, qui a fait les Beaux-Arts, a fait part de son intérêt pour cette matière « qui permet de renouveler son regard, à chaque heure de la journée », elle n’avait jamais conçu de vitraux, comme l’a souligné France 3 Régions.
Un projet à la mémoire de Macron ?
Ainsi, sur la toile, nombre de critiques ont pointé du doigt la non-prise en compte de l’épaisseur des remplages entre les vitraux, donnant lieu à un rendu distordu. « C'est d'une bêtise et d'une incompétence assez sidérante », a commenté La Tribune de l’Art. « Ça va rester comme ça ? C'est de l'amateurisme complet ! », s’est indignée la dessinatrice Laurel.
« Si l’on veut absolument de Claire Tabouret à Notre-Dame, il y a de la place dans les beffrois », a asséné sur X l’association Sites & Monuments, à l’origine d’une pétition signée plus de 302 000 fois. « Au demeurant, nous avions promis d’attaquer tout projet à cet emplacement, même génial (ce qui n’est pas le cas ici) », a-t-elle rappelé. « C’est une arnaque, comme tout ce que promeut Emmanuel Macron ! », a réagi un ancien conseiller municipal du Rassemblement national.
« Les Macron convient les pires artistes de l’entre-soi et du mauvais goût pour saccager notre patrimoine », s’est insurgé un twittos. « Ces vitraux sont superbes », lui a rétorqué un des rares soutiens au projet. « Ils vont apporter une belle couleur en remplaçant les vitraux ternes et sans intérêt de Viollet-le-Duc », a ajouté cet internaute arborant les drapeaux français, européen et ukrainien.
Claire Tabouret a été désignée lauréate, en décembre 2024, de la consultation lancée par le ministère de la Culture en vue de réaliser ce projet. Les nouveaux vitraux doivent remplacer, fin 2026, six des sept baies du bas-côté sud de l’architecte du XIXᵉ siècle Eugène Viollet-le-Duc. La transposition sur verre des « cartons » réalisés par Claire Tabouret doit être réalisée par l’atelier Simon-Marq, à Reims.
Le coût de ce projet d’Emmanuel Macron — visant à l’immortaliser, comme le relatait The Wall Street Journal en début d’année — est chiffré à 4 millions d’euros. « Les présidents américains ont des bibliothèques pour préserver leur héritage. Les Français, eux, préfèrent le verre », avait raillé le quotidien économique américain.