Le Danemark s’excuse officiellement pour la contraception forcée imposée aux femmes groenlandaises

Le Danemark s’excuse officiellement pour la contraception forcée imposée aux femmes groenlandaises Source: Gettyimages.ru
Mette Frederiksen, Première ministre danoise
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Pendant près de trois décennies, des milliers de femmes groenlandaises, souvent mineures, ont été victimes d’une contraception forcée organisée par le Danemark. Le 27 août 2025, la Première ministre Mette Frederiksen a exprimé publiquement ses regrets, admettant la responsabilité de l’État pour ces pratiques ciblées contre les populations inuites.

Durant plusieurs décennies, le gouvernement danois a imposé une politique systématique de contrôle des naissances aux femmes inuites du Groenland. Entre 1966 et 1991, environ 4 500 jeunes filles et femmes ont été équipées de stérilets (dispositifs intra-utérins) sans leur accord. Certaines avaient à peine 12 ou 13 ans. Cette campagne, menée alors que le Danemark contrôlait encore le système de santé groenlandais, visait clairement à réduire la natalité des populations autochtones.

Cette affaire, révélée en 2022 par un podcast de la radio publique danoise DR, a mis en lumière un chapitre longtemps ignoré de l’histoire coloniale danoise. Des archives nationales ont confirmé que la campagne visait les femmes inuites, dans une volonté manifeste de limiter la croissance démographique du Groenland. Le Premier ministre groenlandais de l’époque, Mute B. Egede, a qualifié cette politique de « génocide ».

Dans une déclaration officielle publiée le 27 août 2025 par la chancellerie, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a reconnu la gravité des faits : « Nous ne pouvons pas changer ce qui s’est passé. Mais nous pouvons assumer nos responsabilités. C’est pourquoi, au nom du Danemark, je tiens à dire que nous sommes désolés », a-t-elle déclaré.

Témoignages, enquêtes et absence de réparation

Les excuses interviennent alors qu’une enquête indépendante, lancée en 2022 d’un commun accord entre le Danemark et le Groenland, s’apprête à publier ses conclusions en septembre prochain. L’objectif est de documenter l’ampleur des abus et d’établir les responsabilités. Cent quarante-trois femmes ont déjà engagé des poursuites judiciaires contre l’État danois, réclamant environ 6 millions de dollars de compensation pour les dommages physiques et psychologiques subis. Aucune n’a encore reçu d’indemnisation.

De nombreux témoignages ont émergé ces dernières années. Parmi eux, celui de Naja Lyberth, l’une des premières victimes à avoir brisé le silence. Elle décrit une expérience traumatisante à 13 ans, lorsqu’un médecin lui a inséré un stérilet sans explication : « C’était comme une agression. Comme un viol. » D’autres femmes, comme Henriette Berthelsen, affirment avoir découvert des années plus tard les raisons de leur stérilité.

Fait aggravant, la campagne de stérilisation a continué sporadiquement même après 1992, date à laquelle le Groenland a obtenu le contrôle de son système de santé. Le Premier ministre groenlandais actuel, Jens-Frederik Nielsen, a lui aussi exprimé ses regrets pour les cas survenus après cette date. Il a déclaré : « Je présente mes excuses à celles qui ont été soumises à ces procédures. »

Pressions extérieures et contexte géopolitique

L’affaire prend également une tournure géopolitique. Ces excuses surviennent dans un contexte de tensions entre le Danemark et les États-Unis, Washington multipliant les tentatives d’ingérence au Groenland. Donald Trump avait ouvertement déclaré vouloir acquérir le territoire, riche en ressources. Plusieurs analystes évoquent une manœuvre danoise pour restaurer son image et contrer les ambitions américaines.

Enfin, ce scandale n’est pas un cas isolé. D’autres affaires similaires sont déjà documentées, comme l’enlèvement d’enfants inuits ou les adoptions forcées, renforçant les appels à l’indépendance au sein de la population groenlandaise.

Ce n’est pas un cas unique à l’échelle mondiale. Des pratiques similaires ont eu lieu au Canada, où les peuples autochtones ont également été victimes de stérilisation forcée jusqu’à la fin des années 1990. Cette politique ciblée des grandes puissances occidentales à l’encontre des populations autochtones s’inscrit dans un schéma colonialiste plus large.

La publication du rapport final d’enquête, prévue pour septembre 2025, pourrait marquer un tournant. Les victimes, elles, attendent toujours justice et réparation.

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