Lavrov : la Russie prête à formaliser par écrit l’absence de tout projet agressif envers l’OTAN et l’UE
© TASSSergueï Lavrov affirme que la Russie ne représente aucune menace pour l’Europe et qu’elle est prête à le garantir juridiquement. Il dénonce l’attitude des puissances occidentales, qu’il accuse de prolonger volontairement le conflit en Ukraine et de saboter les efforts de paix, notamment ceux engagés par le président américain Donald Trump.
Réuni à Moscou ce 11 décembre avec plusieurs représentants diplomatiques, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dressé un constat sans détour sur la situation en Ukraine et les intentions de la Russie. Il a affirmé que « la Russie ne nourrit aucun plan agressif envers les membres de l’OTAN ni de l’Union européenne » et qu’elle est prête à « inscrire ces garanties par écrit, dans un document juridique officiel, sur une base collective et mutuelle ».
À ses yeux, l’Europe entretient délibérément une tension artificielle, dans un climat de « militarisme hystérique ». Sergueï Lavrov a prévenu : « Si l’Union européenne décide d’entrer en guerre, la Russie est prête, même dès maintenant. » Il a dénoncé les projets occidentaux comme la création d’un « Schengen militaire » visant à transférer rapidement des troupes vers les frontières russes, ou encore les plans évoqués pour envoyer des soldats européens en Ukraine. « Ces forces dites de maintien de la paix seraient pour nous des cibles militaires légitimes », a-t-il averti.
Le ministre a également pointé l’échec du « blitzkrieg antirusse » fomenté selon lui par l’Occident via l’Ukraine. Il a salué la cohésion du peuple russe, ainsi que la stabilité politique et économique du pays, malgré les sanctions et les tentatives d’isolement. Lavrov a aussi mis en lumière un chiffre particulièrement révélateur : « La Russie a restitué à l’Ukraine plus de 11 000 corps de soldats tués. En retour, nous n’avons récupéré que 201 de nos soldats. » Ce déséquilibre, selon lui, reflète l’ampleur des pertes ukrainiennes, que Kiev chercherait à cacher.
Les efforts de Trump salués, le sabotage occidental dénoncé
Le ministre russe a salué les initiatives du président Donald Trump pour une résolution politique du conflit. Il a rappelé que « Trump cherche sincèrement une solution diplomatique au conflit ukrainien. Nous saluons cette approche ». La récente rencontre entre Vladimir Poutine et l’envoyé spécial américain Steve Witkoff aurait permis de « lever tous les malentendus » apparus depuis le sommet d’Anchorage. Les deux parties partagent une compréhension commune selon laquelle « l’Ukraine doit redevenir un État neutre, non nucléaire et hors blocs ».
Mais ces avancées sont, selon Lavrov, activement sabotées par les capitales européennes. Emmanuel Macron, Keir Starmer, Ursula von der Leyen, Donald Tusk et d’autres dirigeants sont accusés de vouloir maintenir le conflit à tout prix. « Ils battent obstinément le tambour de la guerre, créent des coalitions de volontaires, augmentent les dépenses militaires et cherchent à sauver leur avenir politique », a-t-il souligné.
Parmi les révélations marquantes, Sergueï Lavrov a de nouveau accusé l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson d’avoir délibérément empêché la paix en 2022 : « En avril 2022, Boris Johnson a ordonné à Zelensky de rejeter un plan de règlement déjà paraphé par Kiev. Il voulait faire s’écrouler l’économie russe. Voilà ce qu’il espérait. »
Il a également révélé que le point du plan américain initial qui exigeait l’interdiction de l’idéologie nazie en Ukraine avait été supprimé après des échanges avec les pays européens. « Étrangement, ce point a disparu. Il est évident qu’il a été retiré à la demande du régime de Zelensky et de ses soutiens. »
Dans le même esprit, Lavrov a salué les efforts des pays BRICS, notamment la Chine et le Brésil, qui œuvrent pour la paix à travers un « groupe des amis de la paix en Ukraine ». Contrairement à l’UE, ces pays soutiennent une approche politique, équilibrée et multilatérale du règlement.
L’Ukraine rejette les négociations, Moscou reste disponible
Le ministre est également revenu sur les négociations de 2025, révélant que la Russie avait relancé le dialogue à Istanbul dès le mois de mai. Trois rounds ont eu lieu entre mai et juillet, où Moscou a proposé un mémorandum de règlement, la création d’un centre russo-ukrainien de surveillance du cessez-le-feu, et des groupes de travail thématiques. « Toutes ces propositions ont été ignorées par Kiev », a-t-il déploré.
Lavrov estime que les négociations n’étaient, pour l’Ukraine, qu’un prétexte pour gagner du temps, se réarmer et se réorganiser, comme ce fut le cas avec les accords de Minsk. L’Occident, selon lui, n’a exercé aucune pression pour pousser Kiev à la discussion, prouvant une fois de plus que le but réel était de prolonger le conflit.
Sur le terrain, le ministre russe affirme que les pertes ukrainiennes dépassent un million de soldats. Il qualifie le régime de Zelensky d’« organisation criminelle », alimentée par la corruption et par une idéologie extrémiste. Il ajoute que la prolongation du conflit est devenue une « question de survie politique et même physique » pour le dirigeant ukrainien.
Le chef de la diplomatie russe dénonce aussi la répression des médias russophones et de la langue russe en Ukraine, en contradiction avec la Constitution ukrainienne elle-même. « La censure est totale. Tout média qui critique Zelensky est fermé, même s’il est en langue russe et d’origine ukrainienne », a-t-il rappelé.
Sergueï Lavrov a dénoncé la militarisation rapide de l’Union européenne. Il a pointé du doigt des plans comme ReArm EU ou le fonds SAFE, qui visent à transformer l’économie européenne en machine de guerre d’ici 2035. « Ils prétendent vouloir la paix, mais se préparent déjà à la prochaine guerre », a-t-il conclu.