France : 41% des soignants libéraux déclarent avoir déjà été victimes d’agression

Selon une étude menée au deuxième trimestre auprès de soignants libéraux en France, 41% des répondants ont déclaré avoir déjà été victimes d’une agression physique ou verbale. Les auteurs de l’étude, qui s’inquiètent d’une perte d’attractivité des métiers du soin, alertent sur une violence à l’encontre des soignants qui «tend à se banaliser».
« Les soignants libéraux exercent un métier de moins en moins sûr. » Selon une étude passée relativement inaperçue sur la santé mentale des soignants libéraux, menée par Doctolib et l'association Soins aux professionnels de santé (SPS), avec la Grenoble école de management (GEM), 41 % des répondants déclarent avoir déjà subi « une ou plusieurs agressions verbales ou physiques ». Sur 60 000 soignants sollicités en mars 2025 par Doctolib, 1 550 ont répondu.
Parmi ces soignants déclarant avoir été agressés, 63 % assurent avoir subi « stress, peur, anxiété » à la suite de ces violences, alors que 41%, toujours au sein de ces professionnels de la santé agressés, déclarent avoir eu une « perte de motivation pour le travail ». Si certains ont ressenti « immédiatement » les conséquences psychologiques de ces agressions, d’autres les ont vécues avec « un "effet retard" de plusieurs mois ».
« Beaucoup vivent dans la peur d’une récidive, d’où des comportements d’évitement, une survigilance constante ou une mise à distance vis-à-vis des patients : la relation thérapeutique est impactée », peut-on encore lire dans cette étude qui souligne une violence qui « tend à se banaliser » à l’encontre des soignants et qui concernerait « tous les métiers du soin ».
L’une des causes de l’animosité de certains patients, serait le manque de créneaux disponibles « malgré [d]es journées de 10 heures », a témoigné dans cette étude un kinésithérapeute qui évoque une « mécanique de frustration » alimentée par le manque de praticiens.
65 professionnels de santé victimes d’agressions chaque jour en 2023
Plusieurs pistes « pour agir » sont également suggérées dans cette étude, notamment convaincre les soignants victimes d’une agression de se faire aider ou encore à porter plainte systématiquement. « Ce mécanisme de sous-déclaration contribue à minimiser le phénomène dans l’esprit du public et du monde politique », regrettent notamment les auteurs de l’étude qui soulignent que seuls 30 % des médecins victimes d’agression déposeraient plainte.
Outre la nécessité de « continuer à sensibiliser les décideurs publics à ce sujet », une autre aide est suggérée : celle visant à « réajuster » la « posture » des soignants victimes d’agressions. « Cette adaptation peut aller jusqu’au réagencement du cabinet pour disposer d’une sortie de secours », est-il notamment précisé sur ce point.
Selon les chiffres de l'observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), se basant sur le nombre d’incidents signalé auprès du Conseil national de l’ordre des médecins, le nombre d’agressions à l’encontre de ces seuls professionnels de santé a explosé ces dernières années en France, passant de 955 en 2020 à 1 581 en 2023, soit une hausse de 65 % en trois ans. Selon cette même source, près de 60 % des auteurs de ces agressions seraient « le patient ».
« Chaque jour, en moyenne, 65 professionnels de santé sont victimes d'agressions physiques ou verbales », pouvait-on lire sur le site du gouvernement français fin 2023 à l’occasion du lancement d’une campagne de sensibilisation contre les violences dont sont victimes les professionnels de santé.