Gérard Depardieu à nouveau face à la justice pour des accusations de viol

Monstre sacré du cinéma français, l’acteur, double lauréat du César du meilleur acteur, est à nouveau dans le viseur des instances juridiques de l’Hexagone. Renvoyé en procès devant la cour criminelle de Paris aujourd’hui, il devra se défendre d’accusations de viol portées par la comédienne Charlotte Arnould.

Ce 2 septembre, un juge d’instruction a émis une ordonnance renvoyant le célèbre comédien français de soixante-seize ans devant les tribunaux. C’est la comédienne Charlotte Arnould elle-même qui a annoncé la nouvelle sur son compte Instagram : « Sept ans après, sept ans d'horreur et d'enfer [...] L'ordonnance vient rétablir une forme de vérité judiciaire. Je crois que j'ai du mal à réaliser tant c'est énorme. Je suis soulagée. »

Vers une deuxième condamnation ?

En mai dernier, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu Gérard Depardieu coupable d’agressions sexuelles commises sur deux femmes lors du tournage du film Les Volets verts en 2021. L’acteur de 76 ans avait écopé de 18 mois de prison avec sursis, de deux ans d’inéligibilité et d’une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Cette première condamnation avait marqué un tournant judiciaire pour la star, jusque-là protégée par son statut d’icône du cinéma français.

Mais aujourd’hui, c’est une procédure encore plus grave qui s’ouvre : Gérard Depardieu est renvoyé devant la cour criminelle de Paris pour des faits de viol et d’agressions sexuelles dénoncés par l’actrice Charlotte Arnould.

Les faits remonteraient à août 2018, au domicile parisien de Depardieu. La plaignante, alors âgée de 22 ans et souffrant d’anorexie, affirme avoir été victime de deux viols. L’enquête, d’abord classée sans suite, avait été rouverte après constitution de partie civile en 2020, puis l’ordonnance de renvoi a été confirmée par un juge ce 2 septembre.

Charlotte Arnould, aujourd’hui âgée de 29 ans, a déclaré publiquement que ses accusations avaient ruiné sa carrière et sa santé, mais qu’elle poursuivait sa démarche « pour toutes les victimes qui n’osent pas parler ».

Une affaire emblématique à l’heure du #MeToo

Depuis 2017, plus de vingt femmes ont accusé Gérard Depardieu de comportements déplacés, mais seule une poignée de plaintes a donné lieu à des poursuites. L’affaire Arnould, par son ampleur médiatique et judiciaire, s’impose comme un cas emblématique du mouvement #MeToo en France.

La libération de la parole sur des sujets aussi graves que les abus sexuels est tout à fait louable, mais il peut être difficile de distinguer le vrai du faux dans certains cas. La surmédiatisation et la manipulation de certaines femmes, comme dans le cas du procès entre Johnny Depp et Amber Heard, desservent la cause et peuvent créer des tensions supplémentaires entre hommes et femmes. Certains représentants de la gent masculine n’osent plus, par exemple, se retrouver seuls dans un ascenseur avec une femme, de peur d’être accusés de faits qu’ils n’auraient pas commis.

Ce rebond dans l’affaire Depardieu nous interroge à nouveau sur la capacité de la justice à juger une figure aussi puissante du cinéma, mais aussi sur l’équilibre entre la présomption d’innocence et le poids de la parole des victimes.