France : auprès de la presse régionale, Lecornu évoque «un grand acte de décentralisation»

Budget 2026, accords politiques, décentralisation, avantages des anciens ministres… Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre qui succède depuis quelques jours à François Bayrou, a accordé ce 13 septembre à la presse régionale sa première interview depuis son arrivée à Matignon, donnant quelques pistes sur ce que pourrait être sa politique.
« Le centralisme parisien exaspère une grande partie de nos concitoyens, des chefs d’entreprise, des maires, des fonctionnaires qui rendent le service public », a déclaré ce 13 septembre Sébastien Lecornu, lors de sa première interview à la presse régionale depuis sa nomination à Matignon. « Je souhaite présenter un grand acte de décentralisation », avec des consultations « dès la semaine prochaine », a-t-il poursuivi auprès de titres tels que La Voix du Nord ou La Provence, ou Ouest-France.
Au cœur de cet exercice médiatique, l’impasse budgétaire dans laquelle est le pays a figuré en bonne place. À ce titre, le nouveau locataire de Matignon a affirmé vouloir « une discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau avec le PS, Les Écologistes et le Parti communiste ». « Cette gauche républicaine dont on connaît les valeurs doit s’émanciper de La France insoumise (LFI), qui s’exclut elle-même de la discussion et préfère le désordre », a-t-il ajouté sur ce point.
Quant à l’opposé de LFI, sur l’échiquier politique, à savoir le Rassemblement national (RN), celui-ci pourrait être exclu d’emblée, dans la droite ligne des précédents gouvernements de l’ère Macron. « Si vous me demandez s’il faut passer un accord politique avec le RN, la réponse est évidemment non », a déclaré Sébastien Lecornu avant d’ajouter : « en revanche, refuser de discuter à l’Assemblée avec des députés élus par un tiers des Français, ça n’aurait aucun sens ».
Ton similaire concernant le recours à l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de passer un texte en force à l’Assemblée nationale et qui crispe à gauche. « Je ne peux pas dire jamais, ce serait démagogique, mais je ferai tout pour ne pas y être obligé », a déclaré Lecornu.
Toujours concernant le budget, Sébastien Lecornu aurait ouvert – selon Ouest France – « une porte sur la taxation des grandes fortunes ». Du côté du Figaro, qui s’est fait l’écho de cette interview, on estime que le nouveau locataire de Matignon a « éludé » la question de l’instauration d’une taxe dite Zucman, réclamée avec insistance par la gauche et qui porterait sur les très hauts patrimoines.
« Je revendique d’être quelqu’un de loyal »
« Il y a des questions de justice fiscale, de répartition de l’effort et il faut y travailler sans idéologie, j’y suis prêt », a déclaré un Sébastien Lecornu qui s’est également montré insistant quant à sa « loyauté » à l’égard d’Emmanuel Macron. « Je revendique d’être quelqu’un de loyal, ce qui me semble être une valeur importante dans la vie », a-t-il ajouté sur ce point.
Le Premier ministre français a également déclaré, au nom de l’exemplarité, qu’il souhaitait « mettre fin aux derniers privilèges qui sont encore accordés “à vie” à certains anciens membres du gouvernement », estimant qu’« on ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas ». « Je souhaite que l’on épargne celles et ceux qui travaillent », a-t-il également déclaré sur cette thématique de l’effort.
C’est toutefois une autre déclaration qui a été particulièrement relayée par la presse française, dont une bonne partie en a fait ses gros titres : l’annonce du renoncement à la suppression de deux jours fériés. Une mesure, que François Bayrou avait annoncée à la mi-juillet et qui avait provoqué un tollé au sein de la classe politique française, contribuant à précipiter sa chute.
« Nous vous avons proposé, plutôt que de supprimer deux jours fériés, de s’attaquer aux 365 jours fériés de ceux qui ne travaillent pas et profitent du système », avait regretté le 8 septembre, lors de son discours avant le vote de confiance, Laurent Wauquiez, chef de file des députés du parti Les Républicains et dont plusieurs membres ont obtenu des postes de ministre dans le gouvernement Bayrou.
Le député de la Haute-Loire avait également mis en garde que son parti n’accepterait « jamais qu'un gouvernement comporte des députés de la France insoumise » ou « se mette en place le programme funeste du Nouveau Front populaire, et cela vaut évidemment pour un gouvernement socialiste qui prônerait ce programme ».