Nicolas Sarkozy incarcéré : visites, rassemblement de soutien et critiques, ce qu’il faut savoir

Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans ferme pour association de malfaiteurs dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, est incarcéré ce mardi 21 octobre à la prison de la Santé à Paris. Premier ex-chef d'État emprisonné en Europe, il clame son innocence en appel.
Ce mardi matin marque un précédent historique dans l'histoire judiciaire française : l'ancien président Nicolas Sarkozy franchit les portes de la prison de la Santé, un établissement emblématique du 14ème arrondissement parisien, pour purger une peine prononcée le 25 septembre par le tribunal correctionnel de Paris. Reconnu coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs Claude Guéant et Brice Hortefeux négocier un financement occulte avec Mouammar Kadhafi, il écope de cinq ans de détention ferme, assortis d'un mandat de dépôt justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits, qui ont ébranlé la confiance publique en ses représentants.
Soutiens familiaux et politiques, rassemblement et polémiques
Avant le départ de l'ex-président de son domicile de l'ouest parisien, un rassemblement de soutien a été organisé par ses trois fils, Pierre, Jean et Louis. Dès 8h30, à l'angle de la rue Pierre Guérin et de la rue de la Source, dans le quartier privé de Villa Montmorency, quelques centaines de sympathisants se sont massés pour exprimer leur fidélité à l'homme d'État.
Plusieurs centaines de personnes sont actuellement regroupées devant le domicile de Nicolas Sarkozy pour dénoncer la peine d’emprisonnement prononcée contre l’ancien président de la République. Henri Guaino est venu manifester pic.twitter.com/AxDP4GjUZD
— TVL (@tvlofficiel) October 21, 2025
Louis Sarkozy, 28 ans, avait lancé un appel sur X samedi, avec un montage vidéo affirmant que « la fin de l’histoire n’est pas écrite ». Pierre Sarkozy, quant à lui, a invoqué l'« amour » comme moteur de cette mobilisation. Cécilia Attias, son ex-femme, a aussi réagi sur la plateforme : « Je veux exprimer mon soutien à l’homme d’État qu’il a été et à l’être humain qu’il reste : courageux, droit et passionnément attaché à son pays ».
Les soutiens politiques ont vite viré à la polémique. La réception le 17 octobre à l'Élysée par Emmanuel Macron de son prédécesseur, un « geste normal sur le plan humain », selon le président, qui réaffirme respecter l'indépendance judiciaire, a suscité les foudres de l'opposition. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, y voit « une anomalie, une pression sur la justice » créant un « sentiment d'inégalité » entre prévenus.
Le chef de l’État et le ministre de la Justice sont garants de l’indépendance de la Justice. Les voir recevoir Nicolas Sarkozy ou annoncer une visite en prison est une anomalie, une pression sur la Justice, alors que l’appel doit encore être jugé.
— Olivier Faure (@faureolivier) October 21, 2025
Il n’y a pas de prévenu… pic.twitter.com/i3DiQmonPn
L'annonce du ministre de la Justice Gérald Darmanin, ancien protégé de Nicolas Sarkozy, d'une visite en prison pour « s'assurer de sa sécurité » a ulcéré une partie de la magistrature. Le procureur général Rémy Heitz a averti d'un « risque d'obstacle à la sérénité » du procès en appel et d'« atteinte à l’indépendance des magistrats ».
Gérald Darmanin ira "voir" Nicolas Sarkozy en prison : "Il y a un risque qu'une telle visite soit ressentie par les magistrats et perçue par l'opinion comme une sorte d'obstacle à cette sérénité recherchée", déclare Remy Heitz, procureur général près la Cour de cassation pic.twitter.com/1TElkBsNig
— franceinfo (@franceinfo) October 21, 2025
Évelyne Sire-Marin, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme, dénonce un « coup de pression » via cette médiatisation, soulignant le lien hiérarchique entre le garde des Sceaux et les procureurs.
Conditions de détention et durée effective de la peine
Nicolas Sarkozy, condamné à 5 ans de prison ne devrait pas rester aussi longtemps en prison, les peines n’étant presque jamais exécutées dans leur totalité en France.
À la Santé, Sarkozy intégrera probablement le quartier d'isolement, l'un des plus sécurisés de France, pour éviter tout contact avec d'autres détenus, y compris ses coaccusés Alexandre Djouhri et Wahib Nacer, déjà au « quartier VIP » QB4.
28/09/2025
— Michel Ténart (@Michel_Tenart) September 28, 2025
Sarkozy devrait être INCARCÉRÉ à la PRISON de la Santé qui a été remise à neuf il y a 5 ans, dans un quartier réservé aux personnes vulnérables, le QB4, surnommé « le quartier VIP ».
La suite: https://t.co/nl0XoBQbMVpic.twitter.com/rIeYybg23D
Seul dans une cellule de 10 m² refaite à neuf, avec douche, bureau, frigo optionnel et TV, il bénéficiera de promenades individuelles (deux par jour), d'une salle de sport privée et de trois parloirs hebdomadaires, sans fouille intégrale.
Ses avocats, menés par Jean-Michel Darrois qui fustige un « jugement qui ne tient pas debout », déposeront immédiatement une demande de mise en liberté, examinée sous les critères de l'article 144 du code pénal : risque de fuite, récidive ou pression sur témoins.
La justice dispose de deux mois, mais une décision rapide est attendue, potentiellement une assignation à résidence avec bracelet électronique, comme dans l'affaire des écoutes où il purgea un an ferme en semi-liberté dès décembre 2024. En attendant, Nicolas Sarkozy ira bien en prison et devrait y écrire un livre, affirmant vouloir ressortir « plus fort » de ce séjour.
Les spéculations sur un retour en politique après cette épreuve commencent déjà à voir le jour.