France : la cloche d’une église, sauvée de la Révolution, volée et fondue «pour quelques centaines d'euros»
 © Denise SARLIN/Gamma-Rapho Source: Gettyimages.ru
© Denise SARLIN/Gamma-Rapho Source: Gettyimages.ruLa gendarmerie a retrouvé la trace de la cloche du beffroi de Bouc-Bel-Air, une commune des Bouches-du-Rhône. Sauvée par les habitants durant la Révolution, cette cloche tricentenaire, qui a été volée en août, aurait finalement été fondue pour sa valeur au poids du métal. Un agent de la commune serait impliqué dans ce vol crapuleux.
La cloche du beffroi de Bouc-Bel-Air, volée puis fondue pour quelques centaines d’euros ? C’est ce qu’il ressort d’une enquête de gendarmerie, loin de la capitale, du Louvre et de ses trésors. Dans un communiqué publié le 30 octobre sur leur page Facebook, les gendarmes des Bouches-du-Rhône rapportent que leurs investigations les ont menés jusqu’à « une société implantée sur la commune de Rognac où la cloche avait été fondue pour sa valeur au poids du métal ».
Quelques heures plus tôt, ICI Provence (ex-France Bleu Provence) révélait l’arrestation et le déferrement pour « recel de vol d’un bien culturel affecté au culte » de deux suspects dans cette affaire, dont « l’un d’eux est un agent municipal ».
Le média régional relatait que, dans un premier temps, la mairie avait lancé un appel à témoins et que c’est finalement un courriel anonyme qui aurait « permis une avancée majeure » dans l’enquête. Courriel, évoqué par les gendarmes, dans lequel figurait une photo de la cloche « identifiable grâce à ses inscriptions caractéristiques : "DEI GLORIAM" et "I BAVISE" », ont précisé les forces de l’ordre.
« Une trahison profondément douloureuse »
Quant à la valeur du « butin », celle-ci ne dépasserait pas les 1 500 euros. « Quelques centaines d’euros à peine, alors qu’elle valait près de dix fois plus sur le marché de l’art », a souligné, dans un message – également publié sur Facebook –, Mathieu Piétri, maire de Bouc-Bel-Air.
« Un acte d’une absurdité affligeante, qui a anéanti près de trois siècles d’histoire », a-t-il fustigé, rappelant que cette cloche de 1763 — qui « était la voix du village » et portait son « âme […], sa mémoire, sa foi et son identité » — avait « été sauvée par les habitants pendant la Révolution ». Si la complicité d’un agent des services de la commune était avérée, il s’agirait d’« une trahison profondément douloureuse ».
« Naïvement, je me disais qu’ils allaient la vendre sur le marché noir et qu’on finirait par la retrouver. C’est une douche froide », a confié à ICI Provence le maire de cette commune de 15 000 habitants. « C’est une immense perte, on vend notre âme pour quelques centaines d’euros. Notre petit patrimoine, celui qu’on entend au clocher de notre église, celui qu’on croise dans la rue », a-t-il regretté auprès de la même source.



















