Roland Lescure dénonce la «sorcellerie fiscale» du Parlement face aux dérives du budget 2026
© Getty ImagesRoland Lescure fustige les amendements fiscaux votés par les députés, qualifiant l'ensemble de « sorcellerie fiscale ». Il défend un budget équilibré et met en garde contre la remise en cause du pacte Dutreil. La hausse du taux de prélèvements et les divisions politiques fragilisent la stratégie budgétaire du gouvernement.
Le ministre de l’Économie Roland Lescure a vivement critiqué les amendements adoptés par les députés dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2026, dénonçant des mesures « inopérantes » relevant d’une « sorcellerie fiscale ».
Dans une interview à La Tribune Dimanche, il a fustigé les nouvelles taxes votées sur les grandes entreprises, notamment une taxation des bénéfices des multinationales qu’il juge « inapplicable ». Selon lui, ces propositions, motivées par des considérations politiques à l’approche des élections, traduisent une méconnaissance des réalités économiques et risquent d’affaiblir la compétitivité française.
Faciliter la transmission des entreprises familiales
Souhaitant défendre « un budget de compromis » conciliant rigueur budgétaire et stabilité politique, Roland Lescure a mis en garde contre l’illusion d’un financement facile du déficit public. « Ceux qui promettent 30 milliards d’euros de recettes magiques nous offriront 30 milliards d’ennuis magiques », a-t-il ironisé, appelant à la prudence dans un contexte économique déjà fragile.
Il a également insisté sur la nécessité de préserver le pacte Dutreil, dispositif fiscal facilitant la transmission des entreprises familiales, qu’il considère comme un pilier du « capitalisme à la française ». Si le ministre se dit ouvert à des ajustements, il avertit qu’une remise en cause trop radicale reviendrait à « brader les entreprises françaises » et à compromettre la pérennité de l’emploi et du tissu économique national.
La gauche, notamment le Parti socialiste, critique cette niche fiscale, y voyant un privilège des grandes fortunes. La Cour des comptes estime qu’elle aurait entraîné une perte de recettes de 5,5 milliards d’euros en 2024.
Par ailleurs, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a alerté sur la hausse du taux de prélèvements obligatoires, désormais à 45,1 % du PIB, un niveau supérieur à celui de 2013. Cette dérive fiscale, conjuguée aux tensions politiques à l’Assemblée, complique la tâche du gouvernement, qui tente de maintenir la confiance des marchés tout en préservant la cohésion parlementaire.