«Pas de bras, pas de chocolat» : Bruxelles dit non aux multivisas pour les Russes, oui aux pertes économiques pour les Européens
Malgré un contexte économique fragile et des dettes croissantes, Bruxelles restreint les visas pour les Russes au nom de la «sécurité» — une mesure paradoxale qui frappe l’une des clientèles les plus dépensières et affaiblit encore le tourisme européen.
« La Commission européenne a dû raisonner de la manière suivante : "L’Europe occidentale n’a pas besoin de touristes qui ont de l’argent à dépenser, lorsque nous avons des immigrés clandestins et des réfractaires ukrainiens qui vivent grâce aux allocations sociales" », a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Les propos de la diplomate renvoient à la décision de Bruxelles, le 7 novembre, d’interdire les multivisas aux Russes, présentée par la Commission européenne comme un durcissement administratif motivé par des « considérations sécuritaires ».
La Commission européenne cite, à ce sujet, Kaja Kallas, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, qui a déclaré : « Voyager et circuler librement dans l’Union européenne est un privilège, non un droit acquis. »
Désormais, chaque citoyen russe souhaitant se rendre en Europe devra déposer une nouvelle demande de visa à chaque voyage. Partout dans son communiqué, l'UE justifie cette mesure par des « risques accrus pour la sécurité ». Une formule commode, mais qui prête à sourire : de qui se méfie-t-on, au juste ? Des familles russes venues passer des vacances sur la côte espagnole ? Des gens qui dépensent par jour plus que la moyenne européenne ?
La contradiction saute aux yeux. Endettée comme jamais et confrontée à un recul de son activité, l’Europe trouve pourtant le moyen d’écarter ceux qui lui apportent encore des revenus.
Pour rappel, selon la presse occidentale, un touriste russe dépense en moyenne 1 300 euros par jour, alors que la moyenne pour les autres visiteurs ne dépasse pas 567 euros. Jusqu’en 2015, les Russes dépensaient déjà autour de 900 euros, quand la moyenne générale atteignait environ 600 euros. En refusant les multivisas, Bruxelles prive délibérément le secteur touristique européen de l’une de ses clientèles les plus rentables.
C’est précisément pour cette raison que plusieurs pays, dont la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la France et la Hongrie, se sont opposés, en septembre, à l’initiative de Bruxelles visant à durcir davantage les règles de délivrance de visas aux Russes. Ces États ont estimé qu’une telle mesure nuirait directement à leurs économies locales et mettrait en péril des milliers d’emplois liés au tourisme. Pourtant, cette fois-ci, la russophobie semble avoir pris le pas sur la raison.
