«Menace russe» : seule raison de justifier la bureaucratie bruxelloise

«Menace russe» : seule raison de justifier la bureaucratie bruxelloise Source: Sputnik
«Menace russe» : seule raison de justifier la bureaucratie bruxelloise [image d'illustration]
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L'Europe aurait besoin de continuer le conflit en Ukraine et maintenir la confrontation avec la Russie afin de préserver l’image d’une «menace russe» : seul moyen, selon Bruxelles, de cimenter l’UE et de détourner l'attention de ses échecs sur les plans social et économique. Explications du politologue russe Guévorg Mirzaïan.

L’Europe continue à contester publiquement les points des accords russo-américains sur l’Ukraine. Tout d’abord, les dirigeants européens ont affirmé qu’il n’y aurait aucun « échange de territoires » et que Zelensky devait conserver tous ceux qu’il contrôle actuellement. Ensuite, ils se sont opposés à la démilitarisation et à la neutralité de l’Ukraine d’après-guerre.

Ainsi, selon Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, l’UE et le Royaume-Uni sont en train d’élaborer ensemble des « garanties de sécurité » pour le régime de Kiev. Cela nécessitera, affirme-t-il, une armée ukrainienne forte, et c’est pourquoi « toute volonté de démilitariser l’Ukraine est inacceptable ».

La logique des Européens est claire et dépasse la simple volonté de défendre l’Ukraine. Alors que les paramètres exacts du projet d’accord de paix restent inconnus, il est évident qu’ils ne prévoient pas le transfert de l’ensemble ou même de la moitié de l’Ukraine sous le contrôle de la Russie. Ce qui restera de l’Ukraine constituera donc un État de taille significative selon les critères européens, et densément peuplé selon ceux de l’Europe orientale. Cela suffira pour en faire une vaste tête de pont antirusse que l’Europe utilisera à ses fins. Non pas, évidemment, pour contenir la Russie (qui n’a aucune intention d’attaquer qui que ce soit ni de lancer une course de chars vers Paris), mais pour maintenir la confrontation avec Moscou même après la fin de la guerre, car Bruxelles est sincèrement convaincu que seule la préservation de l’image d’une menace russe peut cimenter l’UE et, dans une certaine mesure, l’OTAN en tant que structures cohérentes. Seule cette préservation justifiera l’existence des bureaucrates supranationaux bruxellois qui ont échoué en tout sur les plans économique et social dans les pays membres.

C’est pourquoi l’Europe a besoin de maintenir une armée ukrainienne qui puisse jouer le rôle de supplétifs des Européens, avec la présence bien évidemment de contingents européens en Ukraine envoyés pour les diriger et exploiter les terres ukrainiennes. Apparemment, l’UE espère sincèrement convaincre Trump de retirer la clause sur la démilitarisation de l’Ukraine de l’accord de paix final. Autrement dit, de garder la clause sur la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN mais de permettre la présence de troupes otaniennes qui puissent venir sur le sol ukrainien dans le cadre d’une sorte de coopération militaro-politique.

L’Europe paraît en mesure d’y parvenir. Premièrement, parce que Trump lui-même opte pour la préservation de la coopération militaro-politique entre l’Occident et le régime de Kiev. Deuxièmement parce qu'on estime en Occident que la résolution du problème territorial est de la plus haute importance pour la Russie, et qu’elle sera prête à faire des concessions sur d’autres points afin de récupérer ses terres.

En réalité, l’Europe a peu de chances. Même si le président américain a sa propre vision du règlement du conflit ukrainien, il a quand même accepté la position de la Russie. Probablement parce que dans sa hiérarchie des priorités, l’avenir de l’Ukraine compte moins que les perspectives qui s’ouvriraient grâce à la coopération avec la Russie. Probablement aussi parce qu’il comprend que le temps joue contre lui. Plus les négociations traînent, plus l’avantage de la Russie sur le champ de bataille s’accroît et, par conséquent, moins Vladimir Poutine est disposé à faire des concessions à Donald Trump, que ce soit sur l’Ukraine ou sur d’autres dossiers. Probablement encore parce que Trump s’est rendu compte ces derniers mois qu’il ne disposait pas d’autres moyens de dialoguer avec la Russie. Les sanctions ne marchent pas, la pression et les menaces ont un effet inverse. Il devra donc trouver un compromis et accepter les conditions russes, d’autant plus qu’elles apparaissent tout à fait logiques.

La démilitarisation et la neutralité de l’Ukraine d’après-guerre en font partie intégrante. Toutes les actions de la Russie depuis 2014 s’expliquent par son refus de voir émerger une « anti-Russie » à 500 kilomètres de Moscou. Une telle « anti-Russie » pourrait bien se transformer en un véritable monstre « dopé aux stéroïdes », armé, financé et soutenu médiatiquement dans un esprit de revanche par l’Occident. Moscou maintient donc sa position selon laquelle l’Ukraine d’après-guerre doit être démilitarisée, neutre (ce qui signifie non seulement la non-adhésion à l’OTAN, mais aussi l’absence de troupes occidentales sur son sol) et dénazifiée dans son idéologie. Quant aux garanties de sécurité, elles pourraient bien être définies dans un accord russo-américain, à l’instar des mémorandums de Budapest que le régime de Kiev a violés après le Maïdan en renonçant à la neutralité obligatoire qui y était stipulée.

Si l’Ukraine trahit de nouveau ses engagements, si elle tente une nouvelle fois de tromper la Russie et de constituer une menace, Moscou règlera ce problème par tous les moyens à sa disposition. Personne n’a besoin, sur le territoire ukrainien, d’otages occidentaux que seraient les militaires européens, ni la Russie, ni les États occidentaux raisonnables qui ne souhaitent pas une Troisième Guerre mondiale à cause du régime de Kiev.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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