Karine Bechet, docteur en droit public (France), présidente de l'association Comitas Gentium France-Russie, animatrice du site Russie Politics.

Les sanctions contre la Russie, reflet cru de la «Pax Americana»

Les sanctions contre la Russie, reflet cru de la «Pax Americana» Source: Gettyimages.ru
Photo d'illustration.
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L’Union européenne et les États-Unis ont adopté de nouvelles sanctions, sur fond d’annulation par Trump de la rencontre qu’il avait proposée à Vladimir Poutine. Pour Karine Bechet, les élites globalistes affichent désormais leur unité : la «Pax Americana» n’a plus besoin de masque.

L’Union européenne a annoncé, dans la foulée du décret de Trump, toute une série de sanctions contre la Russie et les pays qui, selon elle, participent au contournement des sanctions déjà adoptées. Le 19ᵉ paquet européen est extrêmement diversifié et va, cette fois, idéologiquement très loin, tandis que les sanctions américaines visent très concrètement les deux plus grandes entreprises pétrolières russes, Rosneft et Lukoil.

La rencontre prévue entre Trump et Poutine, qui, selon les paroles mêmes du président russe, avait été proposée par Trump, a finalement été annulée – ou reportée sine die par celui-là même qui la voulait.

Après de nombreuses déclarations contradictoires, Trump a finalement décidé de ne pas rencontrer Vladimir Poutine. Selon lui, c’était une perte de temps : cela ne conduisait à rien.

Si les États-Unis n’ont pas l’intention de discuter d’une répartition des zones d’influence avec d’autres pays, notamment la Russie, dans ce cas Trump a raison : la rencontre avec Poutine n’avait aucun sens. La Russie n’est pas prête à capituler.

Les promesses de grands partenariats économiques « après la paix », donc aux conditions américaines, n’ont pas eu l’effet attendu – sauf chez certains représentants de ces lignes américaines en Russie.

La menace de fournir le front en missiles à longue portée Tomahawk était trop forte pour être assumée par les Globalistes, et le rappel à la réalité formulé par la Russie a contraint Trump à faire rapidement marche arrière. Le président Poutine a encore souligné que, si ce type de missiles était utilisé contre la Russie, la réponse serait fulgurante. Les Globalistes n’ont aucune raison d’en douter. C’est une des véritables lignes rouges de la Russie.

Ainsi, la Russie, n’ayant pas accepté un suicide géopolitique, les Globalistes tombent le masque de la division et de la conciliation pour revenir aux « bonnes vieilles méthodes » : la force, notamment par le recours à l’intensification des sanctions.

Les hydrocarbures sont une question sensible pour la Russie, même si son budget n’est plus aussi dépendant des rentes énergétiques que par le passé. Les Globalistes, européens et américains, unis dans un même combat, frappent donc le secteur de nouvelles sanctions.

Comme cela est écrit dans l’acte américain, il faut priver de ressources « la machine de guerre russe ». Les Européens sont sur la même ligne, ce qu’affirme Kaja Kallas en déclarant que le 19ᵉ paquet de sanctions contribuera à « priver la Russie des moyens de financer cette guerre ». Et d’ajouter : « Je pense que le fait que nous soyons alignés [avec Washington] sur ce point est un signe important de force. »

Ainsi, la Commission européenne a pris toute une série de mesures visant à réduire la possibilité pour la Russie de commercer, mais elle se prive elle aussi de ces ressources, tout en maintenant hypocritement une exemption pour les pays tiers : « Interdiction totale des transactions des grandes entreprises Rosneft et Gazprom Neft : les nouvelles mesures suppriment l'exemption pour les importations de pétrole et de gaz de Rosneft et de Gazprom Neft dans l'UE. Les importations de pétrole en provenance de pays tiers, tels que le Kazakhstan, et le transport de pétrole conforme au plafond des prix du pétrole vers des pays tiers sont exemptés. »

L’économie est globale. Toute sanction économique imposée à un pays se retourne irrémédiablement contre celui qui l’a adoptée. Les difficultés économiques, et donc sociales, que l’on observe dans les pays européens ces dernières années sont la conséquence directe de la politique atlantiste de sanctions conduite par l’UE contre la Russie. L’UE prend les décisions, les populations européennes en paient le prix.

L’UE se lance dans la chasse aux fantômes. La fameuse « flotte fantôme », tellement fantôme que les Européens ne cessent de la voir partout, est également ciblée. Cent dix-sept navires supplémentaires, qui soi-disant transportent discrètement pour le compte de la Russie, sont sous sanctions, ce qui porte le nombre total de navires à 557. Toute la chaîne est visée : « Ils font l'objet d'une interdiction d'accès au port et d'une interdiction de recevoir des services. L'UE continue de mener des actions de sensibilisation auprès des États du pavillon afin de veiller à ce que les registres des navires ne permettent pas à ces pétroliers de naviguer sous leur pavillon. »

Des mesures sont également prises dans le domaine financier, en sanctionnant de nouvelles institutions financières et en allant jusqu’à la cryptomonnaie. Sans oublier cela, il est important, dans le cadre de la guerre conduite en Ukraine aujourd’hui, de porter attention aux mesures hautement idéologiques. Nous en retiendrons deux.

Tout d’abord, il s’agit de la restriction du déplacement des diplomates russes dans l’espace européen. Mesure dont la légalité, au regard des conventions internationales, soulève beaucoup de questions...

La Commission européenne précise : « Les nouvelles mesures introduisent l'obligation pour les diplomates russes qui voyagent dans toute l'UE au-delà de leur pays d'accréditation d'informer à l'avance l'État membre de l'UE concerné. Les États membres de l'UE peuvent imposer aux diplomates russes une obligation d'autorisation pour se rendre sur leur territoire, sur la base de visas ou de titres de séjour délivrés par un autre État. Cette mesure vise à lutter contre les activités de renseignement de plus en plus hostiles qui soutiennent l'agression de la Russie contre l'Ukraine. »

Autrement dit, désormais, pour les Globalistes, tout diplomate russe est un espion en puissance. Comme tout journaliste russe est un propagandiste. On a toujours tendance à prêter aux autres ses propres intentions : Freud appréciera...

Ensuite, quelle horreur pour les Globalistes, la « russification » des Russes d’Ukraine. En effet, comment peut-on être Russe ?

La Commission européenne a décidé de s’attaquer sérieusement à la question du génocide culturel, qui se développe déjà sous son égide en Ukraine, et de le soutenir de toutes ses forces : « L'UE renforce la responsabilité des personnes impliquées dans l'enlèvement, l'assimilation forcée et l'endoctrinement d'enfants ukrainiens en inscrivant 11 personnes supplémentaires sur la liste. Afin de rationaliser les futures sanctions à l'encontre des personnes responsables de l'enlèvement, de l'assimilation forcée et de l'éducation militarisée de mineurs ukrainiens, le Conseil introduit également un nouveau critère d'inscription sur la liste. »

La politique conduite par les élites globalistes nous rappelle de plus en plus les heures sombres de notre histoire.

 

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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