Poids de la dette en France : «une silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie», estime Bayrou

Le Premier ministre français a engagé la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale, à l’occasion d’un vote de confiance qui, ce 8 septembre, pourrait acter sa chute. Devant les députés, François Bayrou a appelé à recevoir un «accord minimal» et à agir «sans retard» face à l’accroissement de l’endettement du pays.
« Comme capitaine du navire, informé de la voie d’eau – qui s’élargit sans cesse –, du flot qui envahit nos cales, je dis que notre devoir est d’abord, et tout de suite, de nous mettre à l’étancher et de nous y mettre tous. » Ce 8 septembre, à quelques heures d’un vote de confiance qui pourrait marquer un terme à son séjour à Matignon, le Premier ministre français a tenu un discours aux accents alarmistes sur la situation financière du pays.
« Si nous voulons la sauvegarde du navire, du navire sur lequel nous sommes et sur lequel sont nos enfants, il faut agir sans retard ! », a-t-il poursuivi, après avoir raillé ceux qui lui diraient que « cela peut attendre », que « le bateau flotte encore », qu’il « ne faut pas troubler les passagers et l’équipage ».
Appelant les députés à lui octroyer un « accord minimal », sur un point « décisif », à savoir « le constat de la situation du pays », le Premier ministre a rappelé que la France n’avait « pas connu de budget à l’équilibre depuis 51 ans ». « Tous les ans, les dépenses s’accroissent, les déficits se répètent et les dettes s’accumulent », a-t-il insisté, avant de brandir des chiffres.
Les « valeurs » défendues par la France également menacées, selon Bayrou
Bayrou a opposé les « environ » 50 milliards d’euros de richesse supplémentaire produits chaque année par la France à l’explosion de la dette : de 30 milliards en 2020, les versements pourraient atteindre « 107 milliards » d’euros « à la fin de la décennie ». « Notre pays travaille, croit s’enrichir, et tous les ans s’appauvrit un peu plus », a insisté le Premier ministre, estimant qu’il s’agit là d’« une silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie ».
« Aujourd’hui, le destin de la France, notre nation écrite dans l’histoire, se trouve menacé par nos quotidiennes impérities », a-t-il encore averti, mettant également en garde contre les conséquences sur la défense des « valeurs » portées par la France si cette dernière venait à s’avérer « faible » ou à perdre « sa crédibilité en perdant sa souveraineté ». « Pour une nation, la question de l’influence est vitale, la capacité à faire rayonner ses valeurs », a-t-il insisté.
« Nous sommes les défenseurs menacés d’un bloc de valeurs lui aussi menacé », a encore affirmé François Bayrou, après avoir égrené : les droits de l’homme « et d’abord le droit des femmes », le « respect de la vie privée », de la « libre opinion », ou encore de la religion.