L’UE adopte des sanctions visant notamment Xavier Moreau et John Dougan. Une première du genre. Pour Karine Bechet, les élites globalistes ont franchi un cap symbolique : elles sont désormais ouvertement entrées en guerre contre leurs propres citoyens dès lors qu’ils refusent de se taire. C’est le moment de parler haut et fort !
La Russie est devenue responsable de tout en Europe, si l’on en croit les dirigeants des pays européens et de l’Union européenne, en tout cas.
L’Allemagne vient d’accuser, la semaine dernière, la Russie d’avoir conduit une cyberattaque contre son système de contrôle de navigation aérienne en août 2024, ainsi que d’avoir influencé les élections allemandes, ce qui a conduit à une convocation de l’ambassadeur russe à Berlin.
Sans qu’aucune preuve ne soit apportée, mais sans l’ombre d’un doute, on apprend ainsi que « le service de renseignement militaire russe, le GRU, est responsable de cette attaque informatique commise en août 2024 et que la Russie a tenté, à travers la campagne Storm 1516, d’influencer et de déstabiliser la dernière élection en février », a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères lors d’un point presse régulier. Ce que la presse française retranscrit sans se poser de questions — les questions sont, il est vrai, trop embarrassantes.
L’Allemagne, tout comme la France, affirment détenir des preuves solides… mais qui resteront secrètes. Il ne nous reste qu’à les croire sur parole. Et comme ces élites dirigeantes n’ont pas du tout l’habitude de mentir — enfin, cachez cette ironie que je sens pointer sur vos visages ! — nous pouvons les croire sur parole. Amen !
Bruno Retailleau le confirme d’ailleurs : « Lorsque j’étais ministre de l’Intérieur, j’avais chaque semaine des preuves des tentatives de déstabilisation de la Russie. » Imaginez, Bruno Retailleau a été ministre de l’Intérieur du 21 septembre 2024 au 12 octobre 2025, ça en fait des semaines ! Et chaque semaine, il avait des preuves des ingérences russes. Chaque semaine ! Ça frappe l’esprit, non ? Et tel est bien le but : conditionner l’opinion publique.
Mais reste une question en suspens : qu’a-t-il donc fait de toutes ces preuves ? Où sont-elles ? Depuis le temps qu’elles sont accumulées, il y a de quoi monter une véritable affaire et la faire exploser au grand jour contre la Russie. Or, rien. Que des paroles et des accusations médiatiques.
Nous sommes véritablement dans la spirale de la théorie des actes de langage. Ces élites, utilisant leur légitimité institutionnelle, créent un discours. Ce discours est censé recréer une réalité double. Ici, la Russie est accusée médiatiquement d’ingérence. Sur la base de ce discours, des actes politico-juridiques sont adoptés et modifient la réalité primaire. En l’occurrence, des sanctions individuelles sont adoptées contre des ressortissants européens.
Comme le déclare Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères — et non pas de la Guerre, comme on pourrait le penser souvent — fournée Young Global Leader 2020 : « À l’initiative de la France, l’Europe prend aujourd’hui des sanctions contre les relais de la propagande du Kremlin et les artisans des ingérences numériques étrangères. Zéro impunité pour les ingénieurs du chaos. » Et Barrot de viser directement Xavier Moreau, qualifié de « relais de la propagande du Kremlin en Europe », et John Mark Dougan, dit « responsable d’ingérence numérique en Europe ».
Bref, on ne peut pas laisser les personnes que l’on qualifie d’« agents » de la Russie continuer à perpétrer les actions qui sont virtuellement attribuées à la Russie, et pour cela, il faut sanctionner réellement ces personnes concrètes. La boucle est bouclée : à travers deux niveaux de virtualité, on arrive dans le concret et on modifie la réalité.
Pourquoi les élites globalistes ont-elles à ce point besoin de rendre la Russie responsable d’ingérence ?
Comment expliquer sinon la crise politique, sociale et économique qui frappe de plein fouet les pays européens, empêtrés dans le filet du néolibéralisme ? Si la Russie n’est pas responsable, alors cela signifie que ces élites dirigeantes sont elles-mêmes responsables de leur échec. Que l’idéologie néolibérale est un mécanisme de destruction. Que les gens sont objectivement mécontents de cette politique et rejettent ces élites.
Comme elles ne peuvent reconnaître leur échec, elles accusent la Russie d’ingérence, de manipulation de l’opinion publique, et cela d’autant plus qu’elles sont obligées de resserrer la vis de la liberté d’expression, d’écraser tout discours divergent pour maintenir la pression sur l’opinion publique et se maintenir au pouvoir.
Qu’est-il reproché à Xavier Moreau, par exemple ? De diffuser une « autre » information. Pas une information fausse, une information différente. En principe, cela n’est pas condamnable, si l’on se réfère au pluralisme, qui doit fonder toute société libérale démocratique.
Mais le pluralisme n’a plus sa place aujourd’hui, il n’y a qu’une seule voie acceptable, autrement dit « Un Global village, un peuple — déraciné — et un Führer — atlantiste ».
La démocratie est morte, puisque le lien entre le peuple et les élites dirigeantes est rompu. Le libéralisme est mort, puisque nos sociétés sont tombées dans le néolibéralisme.
Et désormais, non seulement des Russes sont sous sanctions, mais également des natifs des pays européens. C’est un pas hautement symbolique qui a été franchi. Sans aucune décision de justice, simplement parce que ces personnes dérangent politiquement les élites dirigeantes, qui sentent le sol trembler sous leurs pieds.
La guerre est ouvertement déclarée par ces élites à tous ceux qui les contestent. Les ressortissants européens sont considérés comme un danger potentiel. Ces élites sont bien en guerre contre les peuples qu’elles sont censées protéger, contre les pays qu’elles sont censées gouverner.
La boîte de Pandore a été ouverte. Il est difficile de dire où cela s’arrêtera. Mais il est certain que ce n’est que le début d’une répression massive contre toute dissidence en Occident. Et ne vous faites pas d’illusion : ces élites ne s’arrêteront pas toutes seules. Il va bien falloir les y aider pour reprendre le pouvoir dans nos pays, pour restaurer la démocratie et la liberté.
Comme écrivait William Shakespeare dans Jules César : « Tout esclave a en ses mains le pouvoir de briser ses chaînes. » Tout homme a le pouvoir de retrouver sa liberté. Toute société a le pouvoir de se libérer. Encore faut-il en avoir la volonté et le courage. Le moment est venu. C’est à votre porte qu’ils viennent déjà frapper.
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