Bolloré-RN : une alliance de plus en plus affichée
© Getty ImagesLa proximité entre les médias de Vincent Bolloré et l’extrême droite française s’intensifie, portée par des intérêts politiques convergents. Le RN et l’UDR relaient désormais les campagnes médiatiques du groupe, notamment contre l’audiovisuel public et l’Arcom. Bardella s’inscrit pleinement dans cet écosystème en expansion.
Au « sommet des libertés » du 24 juin, Jordan Bardella lance une boutade : « La mesure prioritaire pour garantir les libertés en France ? Fermer l’Arcom et rouvrir C8 ! », qui déclenche les applaudissements d’un public acquis à la cause. L’événement, soutenu par le groupe Bolloré, illustre la convergence croissante entre les médias du milliardaire et l’extrême droite, notamment le Rassemblement national (RN) et l’Union des droites pour la République (UDR).
Cette proximité, nourrie d’intérêts politiques et médiatiques, s’est consolidée ces derniers mois : soutien implicite, relais d’infox, commissions d’enquête visant l’audiovisuel public et valorisation mutuelle des narratifs.
En route pour 2027 ?
Le tournant s’est cristallisé à travers plusieurs polémiques : l’enregistrement de deux journalistes discutant avec des responsables socialistes, l’accusation de Delphine Ernotte visant CNews comme « chaîne d’extrême droite », ou encore la fausse rumeur d’un « ministère de la vérité » attribué à Emmanuel Macron, massivement relayée par le RN.
Les députés RN et UDR, nombreux en commission d’enquête, interrogent l’Arcom et les dirigeants du service public sur un ton inquisitorial qui systématise les thèmes de CNews et du JDD.
La sphère Bolloré bénéficie aussi d’un soutien politique puissant. Bardella, publié chez Fayard, a gagné une autonomie financière notable grâce aux ventes de ses livres, massivement promus dans les médias du groupe. Il cultive des relations personnelles avec Cyril Hanouna, Pascal Praud ou encore Nicolas Diat, son conseiller officieux et plume influente.
Cette porosité entre journalisme, communication et stratégie politique atteint son apogée lors d’événements où journalistes du groupe et figures du RN sont accueillis comme membres d’un même écosystème.
Si la méfiance demeure chez certains lepénistes, échaudés par la campagne présidentielle de 2022, le rapprochement est désormais acté : Bolloré et son réseau offrent à l’extrême droite un relais idéologique et une caisse de résonance précieuse, tandis que le RN défend ouvertement les intérêts de ce groupe médiatique, notamment contre l’audiovisuel public. Une relation devenue symbiotique.