L'Autriche pourrait renoncer à sa neutralité envers l'OTAN, selon sa cheffe de la diplomatie

La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Beate Meinl-Reisinger, est prête à discuter de l’adhésion de son pays à l’OTAN et elle est favorable à un débat public sur la question, confirmant ainsi la position de Moscou qui a déjà accusé ce pays de l'UE d’avoir changé sa politique étrangère dans le contexte du conflit ukrainien.
L'Autriche devrait être prête à discuter de son éventuelle adhésion à l'OTAN, a déclaré sa ministre des Affaires étrangères, Beate Meinl-Reisinger. Elle a toutefois reconnu qu'il était peu probable que cette adhésion obtienne un soutien public ou parlementaire important à ce stade.
Dans un entretien accordé au quotidien allemand Die Welt, publié le 26 juillet, Beate Meinl-Reisinger a évoqué ce qu'elle a qualifié de « Russie de plus en plus agressive », qui, selon elle, serait réticente à conclure un accord de paix avec l'Ukraine.
Moscou s'est déclaré ouvert au dialogue, mais a insisté sur le fait que tout accord devait prendre en compte ses principales préoccupations sécuritaires, et notamment le maintien définitif de Kiev en dehors de l'OTAN.
Lancer le débat de l’adhésion à l’OTAN
Selon la cheffe de la diplomatie autrichienne, « la neutralité seule ne nous protège pas ». Elle a expliqué que l'Autriche devrait investir non seulement dans les « capacités de défense », mais aussi dans les partenariats militaires.
« Je suis fondamentalement très ouverte à un débat public » sur l'avenir de l'Autriche dans ce domaine, a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter : « Bien qu'il n'existe actuellement aucune majorité au Parlement ni au sein de la population pour l'adhésion à l'OTAN, un tel débat peut néanmoins s'avérer très fructueux. »
« Ce n’est pas comme si je voulais rejoindre l’OTAN avec brio », a-t-elle poursuivi, indiquant cependant que le pays ne pouvait pas rester les bras croisés face à l'évolution du paysage géopolitique.
Interdiction constitutionnelle de rejoindre des alliances militaires
Membre de l'UE depuis 1995, la Constitution autrichienne interdit à Vienne de rejoindre une alliance militaire ou d'accueillir des troupes et des bases étrangères en vertu du traité d'État autrichien de 1955. Le pays, qui faisait partie de l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, a accepté ces conditions en échange du recouvrement de sa pleine souveraineté.
Après l'escalade du conflit ukrainien en 2022, l'Autriche a rejoint les sanctions occidentales contre la Russie. De son côté, Moscou a réagi en désignant l’Autriche comme « État hostile ».
Plus tôt cette semaine, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait accusé l'Autriche d'abandonner sa neutralité et son rôle d'intermédiaire dans les conflits internationaux, à la suite d’informations faisant état de l’autorisation par Vienne du transit continu des armes sur son territoire.