Le Hezbollah appelle au dialogue interne sur la question de son armement

Naïm Qassem appelle à l’unité et à une intégration étatique du Hezbollah, refusant toutefois de désarmer tant qu’Israël menace. Ce discours ambivalent, soutenu par un « testament » de Hassan Nasrallah, vise à rallier d'anciens alliés, mais reste pour l'heure sans réponse concrète faute de compromis.
Après la main tendue à l'Arabie saoudite, Naïm Qassem, chef du Hezbollah, a renouvelé son appel à l’unité lors de son dernier discours, lançant « unissons-nous » pour éviter un naufrage collectif, tout en refusant catégoriquement de désarmer son mouvement.
Dans un discours ambivalent, il a revendiqué une intégration dans l’État libanais, appelant le gouvernement à restaurer sa souveraineté, une posture analysée comme un possible tournant stratégique par Kassem Kassir, proche du parti, qui y voit une fin de son rôle régional et une limitation de ses actions sur la scène libanaise.
Main de fer dans un gant de velours
Ce discours, taillé pour sa base et ses adversaires (Israël, États-Unis), s’appuie sur un « testament » de Hassan Nasrallah révélé par Moustapha Bayram. Le chef défunt y prônait un Liban pluraliste gouverné par l’État, une vision que Naïm Qassem semble reprendre, conditionnant le désarmement à la fin des agressions israéliennes.
Cette double approche, entre modération et rigidité, divise les observateurs qui discernent une tactique iranienne pour gagner du temps, tandis que d'autres y décèlent une sincérité modérée face à une nouvelle réalité géopolitique sur le terrain, avec plus d'ouverture qu'à l'époque de Hassan Nasrallah.
L’appel à l’Arabie saoudite et aux anciens alliés (Courant patriotique libre, sunnites pro-Assad) vise également à solidifier un front intérieur face aux pressions américano-israéliennes, mais reste sans écho concret, Riyad restant silencieux et les partis libanais exigeant le désarmement.
Le Hezbollah, affaibli par le conflit de 2024 et la chute d’Assad en décembre, pourrait chercher à récupérer des soutiens perdus, mais son refus d’abandonner ses armes, justifié par la menace israélienne, freine toute avancée concrète.
Cette stratégie intervient dans un contexte régional tendu, avec le plan Trump pour Gaza et les craintes d’escalade au Liban, amplifiées par les violations israéliennes du cessez-le-feu de novembre 2024. Si l’intention de dialogue semble réelle, elle est conditionnée à des garanties sécuritaires absentes, laissant planer l’incertitude sur une conversion sincère. Les milieux du parti insistent sur une intégration étatique, mais sans désarmement, rendant improbable une réconciliation sans concessions mutuelles, dans un Liban économiquement exsangue et politiquement fragmenté.