Soueida sous tension : fractures druzes, brutalité locale et effondrement total de l’autorité de Damas

Soueida sous tension : fractures druzes, brutalité locale et effondrement total de l’autorité de Damas© Getty Images
Un combattant à l’entrée de la ville de Soueida. (Photo d’illustration]
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Deux cheikhs druzes ont été exécutés par la milice d’Hikmat al-Hijri, accusés de collaborer avec Damas, déclenchant un choc dans une province déjà en rupture avec les autorités. La «Garde nationale» impose désormais sa loi, entre radicalisation politique, humiliations publiques et mainmise territoriale.

À l’approche du premier anniversaire de la chute de Bachar el-Assad, la province druze de Soueida replonge dans la violence. Deux cheikhs, Raed al-Mutni et Maher Falhout, ont été retrouvés morts devant l’hôpital national après leur arrestation par la « Garde nationale » du cheikh Hikmat al-Hijri, chef radical de la communauté druze.

Accusés d’avoir collaboré avec les services de Damas pour préparer des assassinats ciblés, des attentats et une déstabilisation interne, ils auraient simplement cherché, selon leurs proches, à ouvrir un canal de dialogue avec le gouvernement via Souleïmane Abdel-Baqi, émissaire de Damas à Soueida mais totalement discrédité localement. Aucune preuve publique n’a été présentée par la milice d’al-Hijri, sinon des vidéos montrant humiliations, coups et exécutions sommaires, un message de domination rappelant que nul n’est intouchable.

Ce climat explosif survient après les affrontements meurtriers de juillet, qui ont fait 1 600 morts et confirmé la rupture historique entre Soueida et Damas. En quelques mois, Hikmat al-Hijri s’est imposé comme maître absolu de la province : création d’une milice unifiée, appels répétés à l’autonomie voire à la séparation, soutien affiché à Israël présenté comme « protecteur » des Druzes.

Un pouvoir central qui a du mal à sanctuariser ses positions

Son influence s’est encore accrue lorsqu’il a dénoncé comme un piège un accord d’échange de prisonniers et lorsque, le 25 novembre, des factions druzes ont attaqué un poste de contrôle gouvernemental. Face à lui, le pouvoir central ne propose qu’un plan de « pacification » perçu comme une énième entreprise de contrôle et de punition.

Pour les civils, l’angoisse domine. Peur permanente, départ forcé de 170 000 habitants, incertitude totale sur l’avenir : Soueida vit comme suspendue à un fil. La popularité du cheikh al-Hijri, jadis très contestée, a explosé après les exactions de juillet ; pourtant, les vidéos de torture diffusées ces derniers jours relancent un débat interne : la « Garde nationale » n’est-elle pas en train de recréer les méthodes de terreur qu’elle prétend combattre ?

De plus en plus d’habitants doutent de la capacité de cette milice à jouer un rôle institutionnel, notamment judiciaire. Mais pour l’heure, le mouvement d’al-Hijri conserve l’avantage : il contrôle routes, accès, quartiers et points névralgiques, verrouillant la province et limitant toute possibilité pour Damas de reprendre pied.

En réalité, Soueida n’est plus seulement une zone de dissidence : c’est un territoire en sécession de fait, où un leadership religieux radical a remplacé un État effondré, où les alliances se renversent et où la violence devient la seule forme d’arbitrage. Et plus le temps passe, plus la réintégration dans l’ordre syrien paraît illusoire.

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