France : l'armée inaugure un supercalculateur classifié, présenté comme le plus puissant d’Europe

Le ministre des Armées a inauguré le 4 septembre, dans la région parisienne, un nouveau supercalculateur militaire destiné à une intelligence artificielle chargée de traiter «souverainement des données secret-défense». Un projet confié à Orange et à l’américain Hewlett Packard, au détriment du français Atos.
Le 4 septembre, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a inauguré au fort du Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine), un supercalculateur destiné à l’intelligence artificielle de défense.
Ce projet, baptisé « Asgard » et visant à faire de la France « le numéro 1 en Europe de l'IA militaire et dans le Top 3 mondial », avait été annoncé dix-huit mois plus tôt, en mars 2024, par le ministre lors d’une interview au quotidien Les Échos. Il avait également révélé la création de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (AMIAD), placée sous la direction de Bertrand Rondepierre, un jeune polytechnicien passé par Google.
« Soit on prend date tout de suite, soit on décroche », avait alors averti Lecornu, précisant que cette agence bénéficierait d’une enveloppe annuelle de 300 millions d’euros et que son supercalculateur — « le plus gros calculateur dédié à l'IA et classifié en Europe » — permettrait « de traiter souverainement des données secret-défense ».
Cette technologie est destinée à la fois aux forces armées et aux industriels de la défense qui, avait assuré le ministre, « pourront aussi l'utiliser et le nourrir avec leurs données, sans crainte d'espionnage ». Fait notable : Asgard est coupé du réseau Internet et seuls les personnels habilités « secret-défense » y ont accès.
Le français Atos écarté, au profit de Hewlett Packard-Orange
Quelques mois après cette annonce, la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information avait écarté le français Atos au profit du consortium Hewlett Packard (HP) – Orange. Lecornu avait défendu ce choix polémique, affirmant que l’offre d’HP-Orange était, d’un point de vue technique, « anormalement » supérieure à celle d’Atos.
Non sans ironie, Atos a annoncé le 5 septembre l’inauguration du supercalculateur « Jupiter », dont le développement lui a été confié. D’une taille de 3 600 m², Jupiter est capable d’effectuer un quintillion (un milliard de milliards) d’opérations par seconde.
« C’est comme si 10 millions d’ordinateurs portables classiques étaient utilisés en même temps, empilés jusqu’à une hauteur de 300 kilomètres », a imagé lors de la cérémonie le chancelier allemand Friedrich Merz à propos de ce superordinateur destiné à la recherche civile et présenté par une partie de la presse comme « le plus puissant d'Europe ».