Entre sarcasmes et ultimatums : l’escalade Medvedev–Trump

En réponse aux critiques de Donald Trump et aux menaces de sanctions, Dmitri Medvedev a affirmé que la Russie poursuivrait sa ligne sans céder aux ultimatums. Il a rejeté toute pression extérieure et rappelé que les négociations ne prendraient fin qu’une fois les objectifs de l'opération militaire spéciale atteints.
Ces derniers jours, une nouvelle passe d’armes s’est ouverte entre Dmitri Medvedev – ex-président russe et actuel vice-président du Conseil de sécurité – et le chef d'État américain Donald Trump. Ce dernier l’a accusé d’avoir franchi une « ligne dangereuse » après un échange musclé avec le sénateur Lindsey Graham (inscrit sur la liste des terroristes et extrémistes). En réponse, l’homme politique russe a raillé les menaces de Trump, évoquant son goût pour les films de zombies.
Dans un message publié sur Telegram, Dmitri Medvedev a estimé que si ses propos déclenchaient une réaction aussi nerveuse de la part du président américain, c’est que la Russie avait raison de rester fidèle à sa trajectoire.
« Quant à "l’économie morte" de l’Inde et de la Russie et au fait de s’aventurer "en terrain dangereux", qu’il se souvienne de ses films préférés sur les "morts-vivants", ainsi que du danger potentiel d’une "main morte" qui n’existe pas dans la nature », a-t-il écrit.
Cette réponse sarcastique s’inscrit dans une escalade verbale commencée le 29 juillet, lorsque Dmitri Medvedev a répondu aux nouvelles menaces de sanctions formulées par Donald Trump. Ce dernier a en effet réduit de moitié le délai accordé à la Russie pour répondre à ses exigences quant à l'établissement de la paix en Ukraine, évoquant la possibilité d’imposer des droits de douane secondaires à l’encontre des pays acheteurs de pétrole russe.
Medvedev a souligné que la Russie ne pouvait être comparée ni à Israël ni à l’Iran, et qu’aucun ultimatum ne saurait lui être imposé sans provoquer une confrontation directe avec les États-Unis, et non avec l’Ukraine. Il a mis en garde Trump contre une stratégie qu’il a qualifiée de suicidaire.
De son côté, le sénateur Lindsey Graham a tenté de recadrer le débat en assurant que ceux qui doutaient de la détermination de Trump se trompaient lourdement. Selon lui, les Russes feraient mieux de revenir à la table des négociations. Un détail important : la Russie, contrairement à l’Occident et à l’Ukraine, n’a jamais quitté la table des négociations.
« Faites passer l’Amérique d’abord, papi ! »
Medvedev lui a rétorqué que ni lui ni Trump n’étaient en droit de dicter les conditions d’un éventuel dialogue. Il a indiqué que les négociations ne prendraient fin qu’une fois les objectifs de l'opération militaire spéciale atteints. Et de conclure, non sans ironie : « Faites passer l’Amérique d’abord, papi ! »
Sur le terrain diplomatique, la Russie et l’Ukraine ont repris les pourparlers directs à Istanbul en mai dernier. Trois cycles de négociations ont déjà eu lieu, le plus récent datant du 23 juillet. Si Trump a exprimé son mécontentement envers les deux camps, il s’est dernièrement montré particulièrement virulent à l’égard de Moscou.
Le Kremlin, pour sa part, a réagi sans émotion à ce durcissement de ton. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Moscou prend acte des déclarations de Donald Trump mais souligne que l’économie russe fonctionne toujours, malgré une avalanche de sanctions. La Russie, affirme-t-il, a développé une forme d’immunité à ces pressions extérieures et continue de juger ces mesures illégitimes.