De l’utopie au désenchantement : l’Union européenne face à son propre mythe

De l’utopie au désenchantement : l’Union européenne face à son propre mythe
De l’utopie au désenchantement : l’Union européenne face à son propre mythe [image d'illustration générée par l'intelligence artificielle]
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Née des ruines de la guerre pour incarner la paix, la démocratie et la fraternité entre nations, l’Union européenne, observe Jimmy Lisnard-Panetier, s’est muée en machine technocratique et normative. Soixante-dix ans après ses débuts, elle apparaît moins comme un idéal partagé que comme une dictature bureaucratique coupée des peuples.

Le projet de la construction européenne semblait pourtant, au départ en tout cas, plein de nobles intentions.

En 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier posait les bases d’une coopération sincère entre anciens ennemis de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe souhaitait chasser les ombres du conflit en passant par l’économie.

Quelques années plus tard, en 1957, avec le traité de Rome, la CEE (Communauté économique européenne) vit le jour, rêvant d’une « Europe des peuples ».

Quand la bureaucratie s’en mêle

Mais, au fur et à mesure des décennies, force est de constater que les choses ne sont pas allées du tout dans ce sens et que le projet s’est figé dans ses propres institutions.

L’idéal politique a cédé la place à la gestion comptable. On souhaitait la convergence, mais on creusait les écarts. Et quel meilleur exemple que celui de la monnaie unique ? L’euro devait être le ciment de l’unité européenne, mais il en est l’un des principaux destructeurs. D’un côté, les pays du Nord, industrialisés, faisaient des profits, tandis que l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce s’enfonçaient inexorablement dans l’endettement et la dépendance, ne pouvant ajuster la valeur de leurs monnaies respectives sur celle du sacro-saint euro.

Avec l’élargissement de l’Union depuis 2004, c’est dans les pays d’Europe de l’Est que d’autres fissures se sont ouvertes : la Pologne et la Hongrie refusent qu’on leur impose des « valeurs » qu’elles jugent étrangères à leur identité. À l’Ouest, on parle de droits et de tolérance ; à l’Est, de souveraineté et de traditions. Deux conceptions irréconciliables d’une même Union.

La tragédie grecque

La Grèce incarne à elle seule ce contraste entre pays « riches » et « pauvres ». Lorsque la crise a éclaté en 2010 dans ce pays, ce n’est pas la solidarité qui s’est manifestée, mais la sanction. Bruxelles, Berlin et le FMI ont imposé des plans d’austérité d’une brutalité inédite : coupes massives dans les retraites, licenciements dans la fonction publique, hôpitaux à bout de souffle, jeunesse condamnée à l’exil — cela ne vous rappelle-t-il pas la situation actuelle en France ? — Sous couvert de sauver la monnaie unique, on a sacrifié un peuple tout entier sur l’autel de la discipline budgétaire. Les Grecs ont payé le prix fort pour préserver une illusion de stabilité, pendant que d’autres pays profitaient de leurs excédents. L’Europe qui se voulait fraternelle a alors montré son vrai visage : celui d’une Union où la compassion cède devant les calculs comptables.

Braquage à l’anglaise

La crise grecque a entraîné une vague de méfiance envers Bruxelles de plus en plus grande de la part de certains pays. La confiance s’est fragilisée. Des partis anti-UE voient le jour.

Mais le coup de massue est venu de la Grande-Bretagne, qui, en 2016, a effectué son célèbre Brexit. Londres a choisi de rompre avec l’UE, qu’elle juge trop contraignante et trop éloignée des réalités économiques du terrain.

L’UE est trop gourmande et souhaite trop imposer. Elle prétend défendre la démocratie et ses citoyens, mais agit comme une dictature, en imposant des lois et des normes totalement hors-sol, et en créant des initiatives qui desservent plus qu’autre chose.

Du Covid à l’Ukraine

Bien plus récemment, la pandémie de Covid-19 a mis à nu l’un des plus grands mensonges de l’Union : celui d’une solidarité automatique entre États membres. Lorsque le virus a frappé, chacun a fermé ses frontières, saisi ses stocks et compté ses morts. Les beaux discours sur l’unité se sont évaporés dès les premières pénuries de masques et de vaccins. L’Union s’est félicitée d’avoir coordonné l’achat de vaccins, mais ce « succès » est arrivé après des semaines de désordre, de promesses contradictoires et de méfiance généralisée. Et ne parlons pas des conflits d’intérêts, n’est-ce pas, Ursula ? Entre les échanges de SMS avec Pfizer et les subventions généreuses données par l’UE à la société Orgenesis, dont le mari de von der Leyen occupe un poste clé, on peut se poser quelques légitimes questions…

Et bien entendu, le dernier clou dans le cercueil de cette UE déjà bancale et sur le déclin, c’est le conflit russo-ukrainien.

Ce dernier a rappelé à l’Union qu’elle n’était pas une puissance militaire, mais une actrice insignifiante sur la scène mondiale, car trop pédante pour s’apercevoir que l’équilibre des forces économiques mondiales avait changé, et que la Russie, qu’elle considérait comme faible sur tous les points, est venue lui rappeler ô combien elle avait tort.

À l’heure actuelle, alors que Washington tourne le dos à l’UE et ne souhaite plus soutenir ce conflit — du moins ouvertement —, cette dernière semble s’orienter vers une économie de guerre de plus en plus affichée, jouant dangereusement avec la légalité, en voulant saisir les avoirs russes gelés, par exemple, en niant, voire en encourageant le nazisme, comme en Lettonie ou bien en cultivant un « ennemi commun » à l’origine de tous ses maux — la Russie —, exactement comme le faisait l’Allemagne nazie avec le peuple juif.

Reste à savoir si les peuples européens suivront ce délire, et jusqu’à quand cette mascarade que l’on appelle Union européenne pourra tenir…

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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