Frappes au Liban : Israël teste le tandem chiite à la veille d’un rendez-vous clé à Paris

Israël a frappé pour la première fois un membre d’Amal depuis le cessez-le-feu, envoyant un message politique à Nabih Berry. Les raids, menés du Sud au Chouf, élargissent le champ des cibles au-delà du Hezbollah. Cette escalade survient à la veille d’une réunion clé à Paris sur la sécurité et le désarmement au Liban.

Israël a une nouvelle fois opté pour l’escalade au Liban. Le 16 décembre, l’armée israélienne a mené deux frappes distinctes, dont l’une en profondeur dans la caza du Chouf, faisant au moins deux morts. Pour la première fois depuis le cessez-le-feu de novembre 2024, un membre du mouvement Amal, présidé par le chef du Parlement libanais, Nabih Berry, a été directement visé. Un choix loin d’être anodin, alors que la pression internationale s’intensifie pour pousser le Hezbollah à renoncer à son arsenal.

La première frappe a eu lieu entre Markaba et Adaïssé, dans la caza de Marjeyoun. Un drone israélien a ciblé une voiture, blessant grièvement son occupant, qui a succombé peu après. Moins d’une heure plus tard, un second raid a frappé le village de Sibline, dans le Chouf. Une camionnette-citerne transportant de l’eau a été touchée à deux reprises.

La victime, Hussein Koteich, originaire d’Anqoun et membre d’Amal, avait réussi à s’extraire du véhicule après le premier impact avant d’être mortellement atteint par un second missile. L’attaque a également fait cinq blessés, dont trois agents de la Sûreté générale présents sur les lieux par hasard.

Tsahal plante des drapeaux israéliens au Liban

Dans une région considérée comme un bastion du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, allié politique de Nabih Berry, le message est clair : Israël élargit ses cibles au-delà du seul Hezbollah. Le président de la Fédération des municipalités de l’Iqlim el-Kharroub, Majed Terro, a dénoncé une « violation flagrante » du cessez-le-feu et réaffirmé son soutien aux institutions de l’État et à l’armée libanaise pour garantir la sécurité.

Par ailleurs, des bombes éclairantes ont été lancées près d’Aïtaroun et de Marwahine, tandis qu’une patrouille israélienne s’est infiltrée à Dhaïra, au-delà de la ligne bleue, plantant des drapeaux israéliens et laissant des munitions, ensuite neutralisées par l’armée libanaise. Ces incidents s’ajoutent à l’annonce par le Hezbollah de la mort de deux de ses combattants portés disparus depuis la guerre.

Cette montée de tension intervient à la veille d’une réunion cruciale à Paris, le 18 décembre, où le chef de l’armée libanaise, Rodolphe Haykal, doit s’entretenir à l’Élysée. En frappant Amal, Israël semble vouloir rappeler que le débat sur le monopole des armes ne concerne pas uniquement le Hezbollah, tout en testant la cohésion du tandem chiite à un moment diplomatique particulièrement sensible.