Taxe Zucman : le gouvernement penche pour une alternative à la taxation des ultra-riches

La taxe Zucman propose 2 % sur les fortunes de plus de 100 millions d'euros pour 20 millions d'euros de recettes, mais divise : la gauche est pour l’équité, la droite craint l’exil fiscal. Pour l'heure, le gouvernement rejette le projet, optant pour une réforme de l’IFI taxant les holdings familiaux à 20 % minimum, sans toucher les actifs pros.
La « taxe Zucman », proposée par l’économiste français Gabriel Zucman, vise à imposer un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, incluant les actifs professionnels comme les parts d’entreprises.
Contrairement à l’IFI (limité à l’immobilier), elle toucherait tous les biens et environ 1 800 foyers, pour générer 20 à 25 milliards d’euros annuels selon ses promoteurs. Ce projet, inscrit dans une loi écologiste adoptée par l’Assemblée en février 2025 mais rejetée par le Sénat en juin, répond à l’explosion des fortunes : les 500 plus riches Français ont vu leur patrimoine tripler plus vite que la richesse nationale, atteignant 40 % du PIB contre 6 % en 1996.
Une mesure non-consensuelle
Les milliardaires ne paient que 0,3 % de leur fortune en impôts, contre 1-2 % pour un salarié moyen, en canalisant leurs revenus via des holdings familiaux non taxés. Le débat oppose fiscalité juste et attractivité économique.
Sept économistes doutent d’un rendement de 0,25 € par euro espéré. Les soutiens à gauche (PS, écologistes) y voient un remède à l’oligarchie financière, tandis que le RN, la droite et le centre craignent un impact négatif, comme l’ISF (4,5 milliards de pertes estimées après son remplacement par l’IFI).
Zucman réfute les comparaisons internationales (Danemark), arguant d’une émigration limitée (0,02-0,23 % des ultra-riches). Le gouvernement de Lecornu, sous pression budgétaire post-olympique, refuse cette taxe jugée mal conçue, mais envisage une alternative : réviser l’IFI pour taxer les montages financiers (dividendes familiaux), imposant un taux minimum de 20 %.
Cette mesure ciblerait les abus sans toucher les actifs pros, s'alignant sur les idées de Bayrou (44 milliards d’économies visés). Une taxation exceptionnelle de 2024 (8 milliards) pourrait être prolongée. Politiquement, elle pose le risque de motion de censure du PS, qui exige la Zucman.
Ce bras de fer illustre les tensions : justice sociale contre compétitivité, dans un contexte de dette croissante, 120 milliards d’économies étant nécessaires (proposition Ciotti). Son issue influencera le budget 2026 et les équilibres à l’Assemblée.