Médicaments et dispositifs médicaux en France : un gaspillage massif pointé par la Cour des comptes

Chaque année, des milliards d’euros de produits de santé sont gaspillés en France, alerte la Cour des comptes. Entre prescriptions inadaptées, ruptures d’approvisionnement et impacts environnementaux, le rapport souligne l’urgence de mieux encadrer l’usage des médicaments et des dispositifs médicaux.
La Cour des comptes, dans son rapport du 4 septembre, met en lumière des dysfonctionnements majeurs dans l’usage des produits de santé : médicaments et dispositifs médicaux.
Le bon usage des #médicaments et dispositifs médicaux est primordial pour l’équilibre du système de #santé. La Cour revient sur les principaux enjeux liés à la maîtrise des dépenses publiques, à la sécurité des patients et à la transition écologique.
— Cour des comptes (@Courdescomptes) September 5, 2025
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Le premier problème soulevé est un gaspillage colossal : en 2023, 8 503 tonnes de médicaments non utilisés ont été jetées, représentant une perte financière estimée à entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros. Ce gâchis s’explique par un manque de suivi des prescriptions et une méconnaissance des raisons de la non-utilisation, notamment en ville et dans les établissements de santé.
Environnement, approvisionnement et souveraineté : le secteur de la santé est malade
Les dépenses croissantes constituent un second défi. En 2023, l’assurance maladie a remboursé 36,05 milliards d'euros de produits de santé, soit 12 % de plus qu’en 2019, avec une forte hausse des prescriptions hospitalières (+10,6 % par an) et des médicaments innovants (+14 % par an). Ce coût, bien que réduit par des négociations avec les industriels (10 milliards d'euros de recettes en 2023), reste préoccupant.
Le mauvais usage des produits de santé aggrave la situation. Des prescriptions non conformes, notamment d’antibiotiques, d’antalgiques ou d’antiulcéreux, entraînent des effets indésirables, parfois graves, comme dans l’affaire du Médiator.
La France, quatrième consommatrice d’antibiotiques dans l’OCDE, fait face à une antibiorésistance croissante, générant des coûts supplémentaires via consultations et hospitalisations.
L’impact environnemental est un autre enjeu majeur.
Le secteur sanitaire représente 8 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre en France, dont 50 % liés aux produits de santé. Les résidus médicamenteux polluent les eaux, augmentant les coûts futurs de traitement des eaux usées.
Enfin, les tensions d’approvisionnement s’intensifient alors que la France s’inquiète pour sa souveraineté pharmaceutique. En 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a recensé près de 5 000 signalements de ruptures de stock, contre 2 760 en 2021, particulièrement pour les anti-infectieux et traitements cardiovasculaires. L'utilisation insuffisante de systèmes d'information comme le dossier médical partagé (30 000 médecins sur 110 000) limite le suivi des prescriptions.
Pour remédier à ces problèmes, la Cour recommande de mieux identifier les prescripteurs hospitaliers, d’améliorer la collecte des données sur les déchets médicamenteux mais aussi de renforcer le rôle des pharmaciens dans la substitution par des génériques, et d’optimiser les conditionnements pour limiter le gaspillage. Une redistribution des médicaments non utilisés et le recyclage des dispositifs médicaux sont également proposés pour une approche plus durable.